jeudi, octobre 20, 2016

La prévention de la transmission mère-enfant du VIH : un succès dans la Bouenza !

Octobre 2015. A Madingou et Nkayi, des organisations de la société civile se montrent actives dans la lutte contre le VIH/Sida. L’initiative d’une synergie entre OSC et personnel de santé est un signal fort dans la prévention de la transmission mère-enfant du VIH (PTME). Des résultats encourageants.
Une salle d’environ 3,5m de long sur 2m de large, équipée d’un lit de 0,90cm et d’un tabouret à l’hôpital de base de Nkayi, c’est là où Mme Rose, prestataire et membre de l’Association femme pour le développement de la Bouenza (AFDB), reçoit les personnes vivant avec le Vih/Sida (PVVIH) pour le conselling. Elle explique : « Je reçois des femmes enceintes séropositives et d’autres cas pour le conselling. Je leur donne des conseils sur comment vivre avec la maladie, quel régime alimentaire faut-il, comment se comporter envers les autres, la prise du traitement », avant de poursuivre : « Quand je termine mon conselling avec une séropositive, je l’envoi chez la sage femme Missamou pour l’appui psychologique et conseils lors de l’accouchement. Après cette étape, la sage femme l’oriente à son tour chez le médecin pédiatre pour le suivi du fœtus et de la maman ». 
Cette chaîne montre comment se fait la prise en charge des PVVIH à Nkayi, à Madingou, dans la Bouenza où le taux de la séroprévalence est de 3,9%. Une démarche qui a montré ses fruits et on peut parler du succès de la PTME dans ce département. Selon la communautaire Rose, depuis mars 2015, elle suit environ quinze femmes enceintes séropositives dont six ont accouché, deux ont fait des fausses couches et une est décédée. Deux enfants ont aujourd’hui atteint 3 mois et deux jumelles qui ont 2 semaines. Tous ces enfants ont été mis sous traitement préventif de sirop et le mode d’allaitement est le lait maternel. D’après un médecin pédiatre, une expérience a montré que des enfants nés des mères séropositives dont le mode d’allaitement est le lait maternel, montre qu’à 18 mois, les tests de ses enfants ont été révélés négatifs et donc, c’est mieux de conseiller aux femmes enceintes séropositives après l’accouchement d’allaiter leurs enfants par le lait maternel tout en suivant leur traitement.

Alida Badila, membre d’AZUR Développement à Nkayi, pense qu’on peut parler du succès de la PTME dans la Bouenza parce que des séropositives continuent à venir prendre leurs médicaments pour protéger leur enfant. Parmi ces naissances, les bébés les plus âgés aujourd’hui ont 3 mois et d’autres ont des jours ou des semaines. Leurs mères sont sous antirétroviraux (ARV) pour sécuriser leurs bébés. Elle s’en félicite : « Nous avons aujourd’hui dans la Bouenza des enfants nés des mères séropositives qui ont 3 à 4 ans dont le test a révélé leur séronégativité à 18 mois. C’est une fierté pour des organisations de la société civile travaillant dans la lutte contre le Vih/Sida et pour le personnel de santé ».

Le rôle des associations

Depuis octobre 2015, le travail des associations ne cesse de porter des fruits. En dehors de la femme enceinte qui se fait dépister, il y a aussi des couples qui font leur dépistage. « Des hommes se font aussi dépistés. Courant ce mois de juin, il y a par exemple deux couples qui sont venus faire leur dépistage à l’hôpital de base de Nkayi. Les tests ont été avérés séropositifs », confie Mme Rose, une communautaire assurant des permanences hospitalières à l’hôpital de base de Nkayi. Elle travaille aussi en synergie avec trois centres de santé intégré (CSI), notamment le CSI ex-Suco, Mwana Nto et Armée du Salut.

Grâce aux différentes formations (le soutien psychologique et social, l’éducation thérapeutique, les actes discriminatoires et attentatoires des droits des PVVIH et leur répression, les devoirs des PVVIH contenues dans la loi, pourquoi parler des droits des séropositifs?...), organisées par AZUR Développement dans le cadre du projet « Appui à la réponse communautaire dans l’élimination de la transmission du VIH de la mère à l’enfant », financé par Positive Children Action Fund (PACF), que Célestine Bayidikila, présidente de AFDB a renforcé ses compétences en matière du VIH. Cette OSC visiblement sur le terrain, selon une séropositive sous le sceau de l’anonymat, pense qu’arrêter de faire les permanences hospitalières sera fatale pour nous, car l’Association femme pour le développement de la Bouenza nous aide beaucoup. Comme dans d’autres départements, les ruptures des réactifs, ARV et les perdus de vu sont les difficultés qui sapent parfois la volonté des associations dans cette lutte. Face à cette sempiternelle difficulté, selon Alida Badila, les gens ont trouvé une parade pour s’approvisionner via un réseau de Kinshasa.

Jean Thibaut Ngoyi







Cuvette Centrale : les sensibilisations à ciel ouvert, un moyen pour lutter contre l’infection à VIH

Depuis décembre 2015, à Makoua et Owando, dans le département de la Cuvette Centrale, des organisations de la société civile mènent des actions de proximité dans des écoles et quartiers pour lutter contre le Vih/Sida.

« Avant, on suivait 55 personnes vivant avec le Vih/Sida (PVVIH) mais avec des décès et des déplacés, nous suivons maintenant vingt nouveaux cas séropositifs dont quinze femmes et cinq hommes qui bénéficient la prise en charge psychosocial. Actuellement, nous venons de dépister deux femmes enceintes séropositives à l’hôpital 31 juillet d’Owando», a expliqué Gustave Lekaka, président de Provi Santé, une association d’Owando.
Selon Mme Germaine, prestataire et membre de Provi Santé, la femme est la couche la plus touchée. Assurant les permanences hospitalières à l’hôpital 31 juillet d’Owando, raconte : « Je reçois des personnes séropositives. Pendant mes permanences hospitalières, je leur mets en confiance. On échange et je leur donne des conseils sur la maladie, sur le traitement et comment vivre avec la maladie. En dehors des permanences hospitalières, je fais également des visites à domicile ».
Depuis le début de ses activités à Makoua (décembre 2015) et à Owando (septembre 2015), dans ce département de la Cuvette Centrale s’inscrivant dans le cadre du projet « Appui à la réponse communautaire dans l’élimination de la transmission du VIH de la mère à l’enfant », financé par Positive Children Action Fund (PACF), deux associations notamment Provi Santé (à Owando) et l’Association croix espoir des femmes de MaKoua (ACEFM) mènent des activités de sensibilisation sur le Vih/Sida dans les quartiers et les écoles. Celles-ci portent sur plusieurs thématiques dont on peut noter : la connaissance de base sur le Vih/Sida, l’élimination de la transmission du VIH de la mère à l’enfant, comment contracter et éviter la maladie, quelles sont les réactions du virus dans le corps, etc.

Un travail apprécié
D’après André Ibata, vice président de l’Association croix espoir des femmes de MaKoua (ACEFM), chargé des permanences hospitalières à l’hôpital de Makoua et au centre de santé intégré Marieli, ils ont déjà organisé six sensibilisations dans des quartiers et cinq dans des écoles, soit 330 personnes mobilisées et ils suivent 25 cas de PVVIH. « A Owando, les gens apprécient notre travail. Ils nous demandent de multiplier ces sensibilisations parce que nombre d’entre eux ignorent encore la maladie du Sida, et 30 personnes par session de sensibilisation c’est insignifiant pour eux », a rapporté Gustave Lekana, membre de Provi Santé. 
Dans des quartiers et écoles, les gens apprécient bien cette démarche de la société civile dans ce département où le taux de séroprévalence est 1,7%. Ils se disent que ce n’est qu’à travers ce genre d’actions que la population peut être édifiée mais aussi susciter un déclic pour amener des gens à se faire dépister volontairement. Comme en témoigne Solange à Owando, « J’ai suivi une sensibilisation sur le Vih/Sida. Elle m’a vraiment intéressée et au sortir de là, j’ai eu beaucoup d’informations. Cela m’a poussé de connaître ma sérologie mais malheureusement, quand je décide d’aller faire mon test de dépistage à l’hôpital de base d’Owando, le médecin m’apprend qu’il n’y a pas des réactifs… ». Makoua n’est pas épargné par ses ruptures récurrentes sur les réactifs et antirétroviraux (ARV). A cette difficulté s’ajoutent le manque des fonds pour continuer à faire les sensibilisations et les cas de perdu de vu. Ce qu’il faut craindre, c’est que quand il y a rupture des réactifs, des gens ne peuvent plus se faire dépister d’une part et d’autre part, la rupture des ARV est plus dramatique chez les femmes enceintes ou allaitantes, occasionnant des problèmes de rechute.
A en croire, même après ce projet dans ce département de la Cuvette Centrale, Mme Germaine se dit qu’elle continuera à travailler, à sensibiliser des gens sur le Vih/Sida.

Jean Thibaut Ngoyi


« Aucune maman ne peut accepter accoucher un enfant malade »

A Brazzaville, hôpitaux et centres de centre d’intégré, sont les espaces où,  depuis septembre 2015, trois associations sensibilisent des femmes sur le VIH/Sida. Objectif : suivre les femmes enceintes séropositives.

«Quand j’ai été informée en mars 2016 de ma séropositivité au centre de santé intégré (CSI) d’Indzouli à Mfilou, j’ai eu des vertiges. A l’instant, j’ai pensé beaucoup de choses dans ma tête. Abattue, j’ai rencontré Mme Clarisse, une communautaire qui m’a prodigué des conseils sur comment vivre avec le Vih malheureusement, ma conscience était encore troublée », a témoigné Nathalie, une séropositive enceinte, 32 ans et mère de 2 enfants. Pour la redonner l’espoir, Clarisse, membre de l’Association femme solidaire (AFS), assurant les permanences hospitalières au CSI d’Indzouli l’a accompagné au Centre de traitement ambulatoire (CTA) pour qu’elle fasse à nouveau son test. Résultat : le test s’est avéré positif. Mais quand Nathalie a vu d’autres femmes enceintes au CTA, elle a compris qu’elle n’était pas seule dans cette situation.  

Comme Nathalie, Léa, elle a failli se donner la mort suite à l’annonce de sa séropositivité. S’il y a certaines femmes enceintes dépistées séropositives qui perdent le moral, d’autres par contre, tentent de surmonter la douleur préférant de protéger leur bébé. Selon Viviane, une séropositive allaitante, 38 ans bien calés, mère de 6 enfants, elle avance qu’en décembre 2015, elle a connu beaucoup de va-et-vient quand elle partait à l’hôpital pour les consultations prénatales. « J’étais fatiguée par des va-et-vient et un jour, j’ai rencontré la communautaire Clarisse pour lui expliquer ses jeux. Au cours de cet entretien, Viviane a fini par découvrir qu’elle était infectée, mais n’a pas tremblée… »

S’inscrivant dans le cadre du projet « Appui à la réponse communautaire dans l’élimination de la transmission du VIH de la mère à l’enfant », financé par Positive Children Action Fund (PACF), il faut dire que  des Ong font un travail remarquable dans le suivi des femmes enceintes porteurs du virus quand on sait que le taux de séroprévalence à Brazzaville est de 2,4%. C’est le cas de Flore Ndamba, membre du Club jeunesse infrastructures et développement (CJID), assurant des permanences hospitalières au CSI de Makélékélé. Elle fait le conselling des femmes enceintes séropositive et bien d’autres personnes vivant avec le Vih/Sida. Elle raconte : « J’accueille des femmes enceintes séropositives ici à Makélékélé et d’autres cas de personnes infectées du Sida. Pendant nos entretiens, je leur mets d’abord en confiance en parlant de mon propre cas comme une femme séropositive. Ensuite, je leur donne des conseils sur l’alimentation, leur expliquer le rôle des examens biologiques, la prise des médicaments, comment se comporter », avant de poursuivre : « De janvier à avril 2016, nous avons dépisté 2163 personnes au CSI  de Makélékélé. En avril dernier, dix femmes enceintes avaient fait leur dépistage. Résultats : dix  femmes enceintes dépistées séronégatives et d’octobre 2015 à mars 2016, 36 femmes enceintes dépistées séronégatives. Dans le même temps, elles ont éduqué 60 anciens cas des femmes allaitantes séropositives, 73 enfants, 2707 femmes simples et 831 hommes ».

Au CSI Indzouli, selon la communautaire Clarisse, depuis novembre 2015, elle suit quatre femmes enceintes séropositives dont trois  ont accouché des bébés de sexe féminin, tous ont reçu le vaccin BCG et leur mère sont sous ARV. Mais une n’a pas encore accouché. A la vérité, ces bébés nés des mères séropositives doivent atteindre 18 mois pour faire l’examen qui déterminera leur statut sérologique.

La  rupture des réactifs, un frein

Selon Mme Ntouala Née Jeanne Marie Nzola sage femme au CSI d’Indzouli, quand elle reçoit une femme enceinte qui vient pour la première fois à la consultation prénatale, la première chose à faire avant les examens cliniques, c’est de l’envoyer chez la communautaire pour le conselling et après, la communautaire me la retourne. Quant à Judicaëlle Nicole Locko, sage femme au CSI de Makélékélé, elle reçoit toutes les femmes enceintes aux consultations prénatales pour voir si leur grossesse évolue normalement afin de les envoyer faire d’autres examens. Elle les éduque à travers les activités d’information-éducation-communication (IEC) pour les encourager à se faire dépister à temps. Au cas où le test est avéré positif, elle leur montre comment préserver l’enfant. « Aucune maman ne peut accepter accoucher un enfant malade », lâche-t-elle.

Confrontées parfois aux ruptures des réactifs et ARV, ses braves dames travaillent en synergie avec des hôpitaux et des CSI pour redonner le sourire aux séropositifs. « C’est vraiment difficile quand nous manquons des réactifs parce que chaque femme enceinte qui arrive ici veut se faire dépister. Elles durent parfois 2 à 3 mois. Devant cette situation, nous envoyons les femmes enceintes ailleurs où elles peuvent se faire dépister. Etre porteur du Vih/Sida ne veut pas dire que c’est la fin du monde quand on sait qu’il y a des médicaments aujourd’hui », s’est plaint la sage femme Nicole.
Au CSI d’Indzouli à Mfilou, Clarisse affirme « Depuis novembre 2015, nous avons connu 4 fois de ruptures des réactifs ici. Tous les cas qu’on recevait, on les orientait au Centre de traitement ambulatoire (CTA)».

Jean Thibaut Ngoyi


vendredi, septembre 30, 2016

La problématique des big data pour l’Afrique

En se connectant sur l’internet chacun produit des données, et la tendance est qu’il y a de plus en plus de gens qui produisent des données. Selon l’Association Française pour le Nommage Internet en Coopération (AFNIC), il y a plus de trois (3) milliards d’internautes, plus de deux (2) milliards d’utilisateurs des réseaux sociaux. Avec des taux de  pénétration de 81% en Amérique du Nord, de 78% en Europe de l’Ouest, de 18% en Afrique, 12% en Asie du Sud.
Les objets produisent également des données. Plus de 80 milliards de produits seront connectés d’ici 2020 selon l’IDATE. Les tuyaux produisent de la donnée, les prises électriques, les voitures, les téléphones, même les boites de conserve. Il se pose alors la problématique de la propriété, du stockage et de l’analyse des données.
L’on peut s’interroger sur l’appartenance des  données produites par milliards d’internautes chaque jour sur la toile ? Elles  n’appartiennent évidemment pas à leurs producteurs. Ceux-ci  y renoncent en contrepartie de l’utilisation gratuite des services internet. Qui a déjà pris la peine de lire intégralement les conditions générales d’utilisation de Google, Facebook, Twitter et autres ?  Dans ces conditions générales d’utilisation, Facebook par exemple prévoit qu’elle « peut être amenée à partager des informations concernant ses utilisateurs avec son groupe d’entreprise… ». 

Les défis

Or, ces différentes données, lorsqu’elles sont ordonnancées, classées et hiérarchisées, elles deviennent une information. Et l’information est un pouvoir. Le problème est qu’en Afrique, on produit les données, lesquelles données exploitées, deviennent une information et leur est vendue plus chère, en termes de services et autres.
Il est important de  mettre en place des datacenter, déjà quelques uns  se développent en Afrique (Afrique du Sud, mais aussi en Afrique du Nord, avec le plus gros datacenter africain en Tunisie, et plus récemment, Afrique de l’Ouest, avec le datacenter ivoirien d’orange, actuellement le plus important d’Afrique de l’Ouest. Relever les défis du génie civil, de l’énergie, de la climatisation, et de la connectivité.
Un autre défi, surtout pour l’Afrique est la capacité d’analyser autant des données produites. La bonne nouvelle est que des outils d’analyse comme Hadoop existent et est libre et gratuit. Il est important d’encourager les jeunes africains aux nouveaux métiers comme « data scientiste », qui représente un véritable débouché pour les jeunes.
La problématique de la gestion des big data en Afrique requiert la prise de conscience de tous, Etats, secteurs privé et société civile d’où il est urgent que des cadres réglementaires appropriés soient mis en place et que les personnes chargées d’appliquer les lois soient formées sur les problématiques de la protection des données et conduisent à rendre des arrêts comme arrêt Google Spain rendu en mai 2014, par lequel la Cour  de Justice de l’Union Européenne (CJUE) considère que l’exploitant d’un moteur de recherche est responsable du référencement des données personnelles apparaissant sur les pages Web publiées par des tiers et reconnait, sous certaines conditions, à la personne dont les données personnelles ont été indexées par le moteur de recherche un droit d’oubli, dont la mise en œuvre entraine l’effacement des liens hypertextes du moteur de recherche.

Roméo Mbengou


La participation de la société civile africaine dans les instances de gouvernance de l’internet

La gouvernance de l’internet est définie comme « l’élaboration et l’application par les Etats, le secteur privé et la société civile, chacun selon son rôle, de principes, normes, règles et procédures  de prise de décision et programme communs propres à modeler l’évolution et l’utilisation de l’internet ». Cette définition fait ressortir trois entités qui participent à la gouvernance de la toile : les Etats, les entreprises et la société civile. Cette dernière  entité regroupe l’ensemble des associations à non gouvernemental et à but non lucratif. Il s’agit donc de l’auto-organisation de la société en dehors de tout cadre institutionnel, administratif et commercial. On peut à cet effet, rencontrer la société civile en Europe qui porte la voix des utilisateurs finaux de l’internet en Europe, de la société civile américaine défendant les intérêts des utilisateurs finaux  américains. De la même manière qu’il existe une société civile africaine qui porte la voix des utilisateurs finaux de l’internet africain. La participation de la société civile africaine à la gouvernance de l’internet se fait par le biais  de sa présence dans la structure de la communauté ICANN.


Rôle d’ICANN

Il faut dire qu’au départ, ICANN était contestée  en tant que seul gouvernement avec le contrôle du réseau d’une part et d’autre part, elle était aussi accusée d’être une organisation américaine est largement contrôlée par les registres et registraires en majorité américains. Enfin, elle était aussi perçue comme une organisation qui défend le business de l’industrie du nom de domaine plus que l’intérêt public.  Pour montrer son engagement à défendre l’intérêt public, ICANN a créé une structure qui défend les intérêts des utilisateurs finaux de l’internet : At-Large qui sont des associations ou organisations juridiquement bien établies dans leurs pays respectifs et regroupés autour d’une organisation régionale des utilisateurs (RALO) dont AFRALO est pour  l’Afrique. Ainsi, il est encouragé aux organisations de la société civile africaine de faire partie de l’AFRALO pour faire entendre la voix de la société civile africaine.
Par ailleurs, la participation de la société civile est aussi encouragée au sein d’AFRINIC (African Network Information Center), le registre régional d’ICANN pour l’Afrique. Cette participation peut se faire en s’inscrivant aux mailing lists d’AFRINIC sur le lien http://afrinic.net/en/community/email-a-mailing-lists.

Roméo Mbengou





mardi, septembre 06, 2016

La Gouvernance de l’Internet, un sujet de politique internationale

Dans la même manière que la sécurité internationale, la lutte contre le changement climatique, le développement et autres sujets d’actualité, la gouvernance de l’internet est devenue un sujet de politique internationale. Plusieurs conférences et déclarations ont été à cet effet tenues. La tenue des sommets mondiaux de la société de l’information en 2003 et 2005, la conférence plénipotentiaire de l’ITU tenue à Antalya en Turquie en novembre 2006, les  principes sur la gouvernance d’Internet proposés par l’OCDE (Organisation de Coopération et de développement Economique), le Conseil de l’Europe, l’Union Européenne, le Brésil, et d’autres acteurs, le G8 de 2011 à Deauville (France) qui a traité du sujet sont quelques exemples qui attestent de l’ampleur de la question de la gouvernance de l’internet.


Par ailleurs, le contrôle de la technique et du fonctionnement de l’architecture de la toile mondiale est un sujet qui entre dans le cadre de la démocratisation des relations internationales. En raison de  la force de pénétration de l’Internet dans toutes les activités de la vie humaine, son contrôle est  devenu vital pour maintenir leur influence dans le monde. Dès lors, chaque Etat, notamment les grandes puissances comme les USA font tout pour avoir le contrôle de l’infrastructure des télécommunications, des standards techniques et des standards de contenu et d’applications. Au point où pour Emmanuel ADJOVI,  le système de noms de domaine (DNS) peut être perçu comme la nouvelle arme nucléaire.

En plus, le fait que les décisions de l’ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers, Société pour l’attribution des noms de domaine et des numéros sur Internet en français est une société de droit Californien à but non lucratif créée en 1998 qui a pour principales missions d’administrer les ressources numériques d’internet telles les adresses IP et les noms de domaine de premier niveau ) impactent les politiques publiques. Il existe de nos jours une « tension entre les gouvernements nationaux et la gouvernance et la performance actuelle des processus de l’ICANN, par lesquels les gouvernements ont le sentiment de manquer d’influence sur des décisions de l’ICANN qui ont des conséquences en termes de politiques publiques relatives à internet».

Il a été constaté que beaucoup de décisions de l’ICANN ont des effets dans des domaines comme la propriété intellectuelle, la fiscalité, la protection de la vie privée, la cyber sécurité, la protection des consommateurs, que «les gouvernements abordent pour le compte de leurs citoyens au travers de législations nationales comme au travers de traités internationaux». Exemple du .wine et .vin dans le processus des nouveaux noms de domaine génériques (gTLD).
Etant devenu un sujet de politique internationale, toute les parties, tous les Etats y compris les Etats africains doivent  bâtir des stratégies pour faire entendre leurs voix et participer à sa gouvernance. Mais individuellement les Etats africains ne peuvent pas peser sérieusement dans les débats internationaux, sauf à servir de « métayers » politiques pour certains grands pays. Renforcer les compétences des organisations économiques régionales pour en faire les porte-voix et les porte-étendards des pays africains en matière de gouvernance internationale de l’Internet.

Conférer aux juridictions régionales des compétences de protection des données à caractère personnel et de la vie privée des citoyens de la communauté : exemple de la Cour de Justice de l’Union Européenne avec les décisions «Google Spain » et « Safe Harbor»




Roméo Mbengou

Les enjeux de la gouvernance de l’internet

L’internet est un bien commun mondial. Il réunit divers acteurs : les gouvernements, le secteur privé et la société civile ; avec des intérêts divergents voire contradictoires, sa gouvernance préoccupe toutes les parties prenantes. Ces préoccupations résultent des enjeux en cause. La formation des formateurs de la gouvernance de l’internet qui se déroule au Burkina-Faso depuis le 29 août à permis d’avoir un aperçu de ces enjeux de la gouvernance de l’internet. Ils sont aussi bien économiques que juridiques, sociaux, et politiques.

Sur Les enjeux économiques  résultent de ce que l’internet une formidable machine de croissance économique parce que la pratique économique d’internet est considérée comme efficace en raison de sa fonctionnalité et de ses couts abordables. L’internet permet aujourd’hui le développement des activités du commerce électronique, mais aussi le développement du contenu d’internet qui est un nouveau modèle d’entreprise basée sur la publicité. Le développement de l’économie d’accès à l’internet et les activités de paiement électronique. Toutefois, il faut éviter le risque de monopole des grands opérateurs d’internet et conduire à des distorsions du marché.

Juridiquement, la gouvernance de l’internet pose la problématique de la règlementation applicable sur la toile. Entre adopter des nouvelles règles de droit ou appliquer celles en vigueur dans le monde réel, il se pose des problèmes de la portée des lois nationales, de la juridiction applicable, de la protection des droits de la propriété intellectuelle, de la lutte contre la cybercriminalité et de la protection de la vie privée et des données personnelles.
Du point de vue politique, l’internet devient un moyen de domination politique. En effet, avoir le contrôle des infrastructures et standards de l’internet, permet de « dicter sa loi sur internet ».

Les enjeux sont aussi sociaux et culturels en ce sens que l’internet a un impact considérable sur le tissu social et culturel de la société moderne. Il est à cet effet difficile de trouver un aspect de notre vie sociale qui ne soit pas affecté. En fait, l’internet a introduit des nouveaux modèles de communication sociale. Il est devenu un phénomène social. Il impact sur les droits humains, sur l’éducation, sur l’expression culturelle, sur la sécurité.
Tenant compte de ces enjeux, sa gouvernance requiert la participation, mieux la contribution de tous : les Etats, le secteur privé, la société civile et cela aussi bien au niveau local que régional et international.



Roméo Mbengou

L’impact de la sous-traitance technique de la gestion des noms de domaine

La gestion des noms de domaine au niveau africain est souvent confiée à des sociétés privées étrangères. Si cela s’explique par plusieurs raisons, il faut reconnaître que cela a des conséquences  et peut poser  quatre (4) problèmes fondamentaux : 
En premier lieu, cela a un impact sur la souveraineté numérique des Etats : en effet, il faut reconnaitre que le nom de domaine est avant tout une expression de souveraineté numérique nationale. Confier sa gestion à une société privée étrangère s’est donc s’exposer à l’éventualité d’un espionnage puisque toutes les données et informations même les plus secrètes peuvent être vues par l’extérieur.
En deuxième lieu, cela empêche le développement des compétences au niveau interne et local. En effet, si le nom de domaine est techniquement gère par une entité extérieure, il est difficile de donner l’occasion au niveau local pour que les gens se forment et donc soient capables de bien gérer techniquement les noms de domaine.
Troisièmement, cela rend difficile le développement  de l’écosystème national et le développement du contenu local. Car l’écosystème de l’internet, étant constitué d’un cadre légal et d’un environnement réglementaire, d’un modèle de gouvernance du ccTLD (country code top-level domain), de la connectivité internet ou back bonne national, d’un registre internet local, d’un point d’échange internet, d’une copie de serveurs ROOT (copie du serveur racine), d’une sécurité internet  et des ressources humaines de qualité, ne peut pas se développer si les noms de domaine sont gérés ailleurs par les sociétés étrangères.
Enfin, il peut se poser le problème dans la garantie de la cyber sécurité. En effet, la cyber-sécurité est une vraie préoccupation pour les Etats. Il se pose notamment le problème de l’interception des données, de l’atteinte à l’intégrité des données, de l’accès illégal, du sabotage etc. Pour éviter donc de s’exposer à tous ces problèmes, il est utile que les pays africains  apprennent à gérer eux- mêmes leurs noms de domaine. Certains, comme le Togo a entrepris depuis mars 2016 des démarches pour récupérer la gestion de son nom de domaine.

Roméo Mbengou


jeudi, avril 28, 2016

Un apaisement pour des agriculteurs de la Bouenza

Formés sur la gestion simplifiée, des planteurs de Nkayi et de Madingou ont effectué depuis décembre 2015, cinq courses à bord d’un véhicule appartenant à l’Agence d’aide à la coopération technique et au développement (Acted) à Brazzaville et Pointe-Noire pour aller vendre leurs marchandises. L’une des activités du projet Appui à la commercialisation et à la valorisation des produits agricoles des districts de Kayes  et Madingou » mise en œuvre par Acted, en partenariat avec AZUR Développement, avec l’appui financier de l’Union européenne. Des résultats mitigés ?

Une vue des participants pendant la formation sur la gestion simplifiée à Kayes
«La répartition des revenus (un chapitre du module 3) m’a vraiment intéressé vu que nous avions appris comment repartir les bénéfices. 30%, pour l’épargne, 40% pour l’activité agricole, et 30% réservés aux imprévus », a fait savoir Abel Goma Ossima, chef de groupement au village Kinguembo, un bénéficiaire de la formation  à la  gestion simplifiée, initiée par Acted, en partenariat avec AZUR Dév. Au cours de cette formation, la femme n’était pas restée en marge. Comme en témoigne Abel Goma Ossima « Sur la quarantaine qu’on était,  on pouvait retrouver 25 femmes. Elles n’étaient pas du tout complexées et participaient au débat avec beaucoup d’ardeur ». Un constat partagé aussi par Joseph Moulengo, chef de village et président du groupement Jeunes unis de Ngando : «Sur les 22 que nous étions au moins 18 avaient suivi la formation et les femmes étaient régulières ».

Cinq jours de formation était la durée requise ayant permis à quinze (15) groupes  homogènes composés des membres des groupements et des individualités de bénéficier une formation sur lesdits modules, en vue d’une meilleure productivité a lâché Hermann Nzaou, chef de ce projet. « Cette formation, je dirai, nous a revivifié  car il  nous a donné des techniques pour améliorer notre activité agricole », s’est renchérit Jean Félix Siloulou, secrétaire général du groupement Jeune unis de Ngando, convaincu que la formation est plus importante que le gain. Il ajoute : « Nous avons appris comment générer des bénéfices, comment exécuter les dépenses, comment savoir si notre activité progresse, comment faire la répartition des revenus entre les différents membres. Des notions qui vont visiblement transformer la marche de nos activités.»

De son côté, Marie Romaine Diabakana, diplômée sans emploi, cultivatrice depuis 2006 affirme : « J’ai compris que nous pouvons réaliser des grandes choses même en faisant l’agriculture mais pour en arriver là, il faudrait en saisir ces techniques». Particulièrement séduite lors de la session sur le montage de projets d’activités génératrice des revenus agricoles, Marie Romaine, une agricultrice qui compte intégrer la dynamique des groupements sou peu, témoigne : « Avant pour élaborer un projet, je consultais des gens. Et quand ceux-ci m’aidaient, ils m’exigeaient de les payer. Aujourd’hui, je suis capable de le faire seule et c’est un vrai acquis pour moi ».

Une idée partagée par Antoinette Kienda, reconnaissant ayant longtemps travaillé en solo, cette veuve, mère d’un enfant compte s’ouvrir aux autres et profiter davantage l’assistance sociale et technique  d’un collectif. « En fait, on croit tout connaître, mais cette formation m’a permis de voir un peu plus clair dans mes revenus. Aujourd’hui, après une vente, je m’efforce à mettre de côté des sous pour l’épargne et une autre tranche pour de nouveau investir lors d’une nouvelle récolte », a expliqué Antoinette Kienda, félicitant l’initiative d’Acted et d’AZUR Dév qui ont mis en place un dispositif pour faciliter l’écoulement des produits agricoles des paysans de Nkayi et de Madingou à Brazzaville et Pointe-Noire.

‘’ … Ils ne se feront plus dupés ‘’

« Au moins 10 à 15% du prix de la marchandise était inclut dans  le transport mais avec le véhicule d’Acted, nous payons 4.000 F CFA avec manutention incluse, par exemple le sac de foufou de Nkayi à Pointe- Noire et 3.000 F CFA Madingou-Brazzaville », confie Jean Félix Siloulou. Certains producteurs se disent soulager, à l’image d’Anne Mbouzi, une bénéficiaire du projet « Obtenir régulièrement des informations sur les prix de vente de la marchandise, nous permet de préparer nos voyages, et cela facilite l’écoulement de nos produits tout en les valorisant ». D’autres cependant estiment qu’il n’y a qu’une légère différence. « Avant, c’était des particuliers qui avaient le monopole de transport ici. Ils nous taxaient les prix selon leurs humeurs. Le sac de foufou par exemple était à 5.000 F CFA et les dépenses effectuées pour acheminer la marchandise étaient parfois trop élevées », se souviennent ces paysans.

Selon André Mbani, animateur de suivi des bénéficiaires du projet à Nkayi, nous avons la
L'équipe du projet sensibilisant les agriculteurs sur la formation
charge d’informer les paysans de Nkayi et de Madingou sur la variation des prix de produits à Brazzaville comme à Pointe-Noire. Nous avons commencé par l’envoi des SMS et des affiches au marché. Car c’est depuis août 2015 que la radio du conseil départemental publie les prix des produits agricoles pour permettre aux paysans de faire le choix d’aller vendre leurs produits soit à Brazzaville, soit à Pointe-Noire. « La 1ere course de Pointe-Noire, il y avait eu mévente des produits, mais celle de Brazzaville (2eme), les paysans ont fait des bonnes recettes en janvier. De décembre à aujourd’hui, les agriculteurs de Madingou ont effectué trois courses à Brazzaville et ceux de Nkayi ont effectué la 1ere course à Pointe-Noire et la 2eme à Brazzaville. Les paysans ne se feront plus duper sur les prix des produits agricoles », a martelé ce dernier.

Appelant les groupements agricoles de Nkayi et de Madingou à n’est plus se plaindre, le chef de village Ngando estime qu’il faut harmoniser les  prix des courses entre les deux districts.

Annette Kouamba Matondo









Elvie Rosine Batessila : « Plus on apprend, plus on a envie de faire de grandes choses…»

A Nkayi, Elvie Rosine  Batessila est l’une des rares femmes qui fait de l’agriculture reine. Elle a effectué récemment un premier voyage à bord d’un véhicule d’Acted pour aller vendre sa marchandise à Brazzaville. Une nouvelle expérience pour cette agricultrice.

«Avant cette formation, je ne savais pas comment repartir ma recette après la vente. Cette
Elvie Rosine
formation m’a permis de revoir ma gestion  en ce sens que j’arrive à faire des bénéfices que je n’atteignais pas auparavant
 », explique Rosine, membre du comité de gestion de commercialisation du district de Kayes qui a convoyé la 1ere course à Pointe-Noire. Une expérience qu’elle n’est pas prête d’oublier puisque cela « m’a permis de mettre en pratique ce que j’ai appris lors de la formation », a témoigné cette cultivatrice rêvant ouvrir un compte épargne.

A cheval entre Nkayi et Dolisie, cette mère de trois enfants, soufflant 39 bougies, n’a désormais qu’une idée en tête : celle d’émerger dans le domaine agricole. Son illusion s’est manifestée lors de la formation sur la gestion simplifiée : « Avant, quand je vendais ma marchandise, je mettais tout l’argent dans un même sac. Ce qui fait que j’utilisais une grande partie pour les charges ménagères et il arrivait que je touche au bénéfice… Et donc, je n’avais pas d’économie », a fait savoir Rosine, désormais plus attentive lors de la répartition de ses recettes de vente

Selon elle, aujourd’hui quand elle vend, elle se force à mettre de côté des sous, une autre tranche pour l’activité prochaine si elle doit acheter des semences, du matériel aratoire, payer la main d’œuvre par exemple, une autre épargne personnelle. Enfin, la dernière tranche, l’a sert et son mari dans la gestion du foyer. Visiblement satisfaite, Rosine affirme : « Je m’en sors plutôt bien et c’est aussi cela le but de ce projet, de voir nos activités agricoles émergées ».

‘’Cette formation m’a ouvert les yeux’’  

Même si ses attentes n’ont pas été atteintes lors du premier convoi qu’elle a escorté, la commerçante a tiré les leçons : « Quand on est arrivé à Pointe-Noire, il y avait pléthore du foufou et on a été obligé de descendre les prix. Ce qui fait que nous n’avons pas  obtenu le bénéfice attendu ». Un problème qui est en train d’être résolu comme en témoigné Elvie Rosine Batessila, cette mère de trois enfants, « Nous recevons régulièrement les coûts de vente des produits agricoles de (Pointe-Noire et Brazzaville) via nos téléphones. Donc, on a le temps de choisir notre destination en fonction de la variation des prix. Si à Brazzaville le sac de foufou est à 40.000 F CFA et qu’à Pointe-Noire il est à 30.000F CFA, je sais immédiatement où aller vendre ma marchandise», a expliqué Rosine.

Autre avantage qu’elle ne manque pas de souligner : « En plus de connaître régulièrement les prix de vente des marchandises,  Acted et AZUR Développement mettent à la disposition du district de Kayes un véhicule permettant aux producteurs agricoles de transporter leurs produits à moindre coût, y comprise la manutention. Je paye 4.000 F CFA le sac de foufou dans le véhicule d’Acted alors qu’il est fixé 5.500F CFA dans d’autres véhicules dont la manutention était à la charge des agriculteurs», confie la jeune femme qui n’a financièrement pas encore obtenu ce qu’elle désirait, mais confiante pour l’avenir « Cette formation m’a ouvert les yeux  et je ne compte pas en rester là. De plus en plus, j’ai envie de me déployer, je pense bien que d’ici peu, je vais aussi me lancer dans le maraîchage».
Soucieuse de transmettre ce qu’elle a appris aux autres, Rosine envisage créer un groupement uniquement constitué de femmes ou elle partagerait cette connaissance : «Plus on apprend, plus on  a envie de faire de grandes choses. Je n’ai pas eu de chance de faire des longues études parce que je n’étais pas soutenue, mais  avec cette formation, je compte bien en faire bénéficier aux femmes qui le désirent ».

Touche à tout, Rosine est une « entrepreneuse » née

Débrouillarde, elle possède un kiosque dans le village où elle travaille. Cette mère de trois anfants y vend les beignets, des produits alimentaires pour faciliter la vie des paysans en brousse. Aussi invite-t-elle les femmes à se mettre au travail. « Même si tu as un mari, il faut faire quelque chose. Tout peut arriver : divorce, mort du conjoint. Il faut se battre dans la vie. L’homme et la femme doivent se compléter, j’apporte un peu, mon époux apporte un peu. Ainsi l’homme te respectera », scande-t-elle, le sourire aux lèvres.

Bénéficiaire du projet « Appui à la commercialisation et à la valorisation des produits agricoles des districts de Nkayi et Madingou », piloté par l’Agence d’aide à la coopération technique et au développement (Acted), en partenariat avec AZUR Développement, avec l’appui financier de l’Union européenne, Rosine a arrêté ses études en classe de troisième, à cause des préjugés ancestraux de son père. Elle révèle : « Mon père répétait tout le temps que s’il nous laissait faire des longues études, il n’en bénéficierait pas. C’est ainsi qu’il a refusé de nous soutenir, prétextant que nous aiderons que notre mère. Une nature égoïste qui retarde très souvent l’émancipation économique de beaucoup de femmes ».


Annette Kouamba Matondo










Hermann Nzaou : « Sans fausse modestie, je peux dire que les résultats sont plutôt encourageants »

Le mauvais état de route, la distance entre le lieu de travail et le domicile, les conditions de travail rudimentaires, sont autant d’embarras qui ralentissent l’écoulement des produits des agriculteurs à Nkayi et à Madingou. Pour remédier à cette situation, le projet « Appui à la commercialisation et à la valorisation des produits agricoles des districts de Nkayi et de Madingou », un projet piloté par l’Agence d’aide à la coopération technique et au développement (Acted), en partenariat avec AZUR Développement, avec l’appui financier de l’Union européenne, se propose comme un épilogue. Hermann Nzaou, chef de projet, nous en parle.

Hermann Nzaou, chef de projet
Pouvez-vous nous parler du projet « Appui à la commercialisation et à la valorisation des produits agricoles des districts de Nkayi et de Madingou »?

H.N. : « L’appui à la commercialisation et à la valorisation des produits agricoles dans le département de la Bouenza particulièrement dans les districts de Nkayi et de Madingou » est un projet que nous coordonnons avec AZUR Développement via le Programme sucre, un programme financé par l’Union européenne.

C’est à quel but est né ce projet ?

H.N. : Le but du projet est de pouvoir limiter les risques de la sécurité alimentaire et de diversifier l’économie dans le département de la Bouenza. A l’origine, l’Union européenne avait signé un accord avec le gouvernement congolais en 2010, et cet accord consistait à rendre le sucre congolais plus compétitif sur le marché. Et parmi les activités de ce programme, il y avait une composante sur la diversification de l’économie dans le département de la Bouenza, dans le sens que les gens ne fondent pas leur espoir uniquement sur le sucre. C’est ainsi qu’Acted avec AZUR Développement ont répondu à cet appel à proposition de projet, où ils ont  proposé un projet pilote qui devrait appuyer les producteurs agricoles. Et parmi les activités de ce projet, nous avons des activités phares telle que la formation à la gestion simplifiée des activités des producteurs, le transport qui permet aux  bénéficières du projet de transporter leurs produits à des coûts très réduits.

Combien de temps a duré la formation ?

H.N. : La formation a duré cinq jours par session. Il y a eu dix sessions à Nkayi,  et il nous reste cinq sessions à Madingou. En fait, nous sommes à quinze sessions et pour tout le projet, nous devons en faire vingt. Ce sont des groupes de vingt personnes que nous formons. Maintenant avec l’impact des premières sessions, nous avons formé plus de bénéficiaires à Nkayi par rapport à ce qui était prévu.

Qu’on est-il sur le terrain. Est-ce que les résultats sont-ils encourageants ou il y a des couacs ?

H.N. : Sans fausse modestie, je peux dire que les résultats sont plutôt encourageants. C’est un projet qui se mène bien, et je suis certain que c’est un projet qui va atteindre ses objectifs. Il y a certes des problèmes sur le terrain, mais cela ne relève pas du projet, ce sont plutôt des problèmes d’ordre social. D’abord nous sommes dans une zone très paupérisée, et un grand nombre des bénéficières, notamment ceux du district de Nkayi ont des sérieux problèmes financiers. Ils ont certes des étendues de terres cultivables, mais  les sous leur font défaut. Mais je pense que c’est une situation qui va rapidement trouver une solution car cela ne révèle pas de nos compétences. Ils ont suivi une formation, ils savent maintenant comment gérer leurs fonds, comment gérer les bénéfices, que faire avec leurs bénéfices.

Sur les 200 bénéficières, il y avait combien de femmes ?

H.N. : 90 femmes ont été formées.

 Peut-on savoir comment  se fait le suivi concernant le transport des produits agricoles des bénéficières vers Brazzaville ou Pointe-Noire?

H.N. : Parmi les bénéficièresceux de Madingou ont bien pris le train en marche. A Nkayi, ils trainent encore les pieds. Mais en février tout cela va chambouler vu que nous rentrerons à la période des récoltes. C’est pour cela que nous envisageons mettre un deuxième véhicule sur la route dans la mesure où le trafic à Madingou est déjà très intense et on a parfois du mal à contenir toutes leurs marchandises. Imaginez vous que la majorité de nos bénéficières ont au moins un hectare de champ de manioc et cela revient à moins 60 à 100 sacs de foufous par personne donc, nous risquons d’être submergés.



 Propos recueillis par Annette Kouamba Matondo