dimanche, décembre 11, 2011

Violence à l’égard des femmes : des vidéos pour booster les femmes à dénoncer et agir

Depuis octobre dernier, plus de 700 adolescentes et femmes, suivent des formations, sensibilisations et projections de films pour prévenir et lutter contre la violence qu’elles subissent. Parmi ces femmes, les 14-63 ans, attentionnées, trouvent des mécanismes pour lutter, guérir, éduquer et plaider pour le changement. 


« Les femmes ont souvent peur de dénoncer les violences, même si elles en sont victimes, dans la crainte d’être regardée différemment dans la société. Elles se taisent et parfois acceptent d’endurer ces violences au nom de la tradition », observe Ida Moussa, Assistante du projet de lutte contre la violence mis en œuvre par Développement dans la ville économique de Pointe-Noire. Pour changer d’attitude et comportement face à cette situation, depuis le mois d’avril 2011, plus de 700 adolescentes et femmes de Pointe-Noire comme celles de Nkayi suivent des formations, sensibilisations sur les violences faites aux femmes et projection de film grâce à AZUR Développement.

 D’Avril à octobre 2011, 68 femmes et filles victimes de violence sexuelle et des battues ont été soutenues par le projet. 46 animatrices sont formées lors des ateliers intitulés « échanges féministes sur la technologie » où elles apprennent des notions de counselling aux victomes de violence et également les outils des technologies de l’information et de la communication (TIC) pour prévenir et apporter du soutien aux survivantes des violences. A travers des histoires numériques ou témoignages en vidéos, les survivantes racontent leurs propres histoires avec leurs propres dans le but de guérir, éduquer et plaider pour le changement. Les sensibilisations touchent également les filles à l’école, et au moins 503 adolescentes ont été sensibilisées en milieu scolaire.

 Ces adolescentes et femmes, provenant des différents quartiers de Nkayi et Pointe-noire, ont suivi des exposés sur les abus sexuels et harcèlement sexuels, les violences conjugales, les violences envers les enfants, les violences physiques et psychologiques et enfin les procédures judiciaires à suivre. « Ces sensibilisations sont les bienvenues pour nous dans notre localité qu'on en parle presque pas, nous avons découvert plusieurs formes de violences qu'on ignorait. Pour nous la violence était seulement sexuelle, or elle peut être conjugale, physique, psychologique », explique Joséphine Yimbou. En milieu scolaire, c’était autour de quatre thèmes à savoir, abus sexuels et harcèlement sexuels, les violences envers les enfants, les violences physiques et psychologiques, les procédures judiciaires à suivre, puis les projections de film, que la sensibilisation était axée.

 Satisfait de l’engagement des animatrices formées, Pascaline Niombo, coordonnatrice d’AZUR Développement dans la Bouenza explique, « les thèmes présentés ont attirés l’attention des élèves qui ont tendance à envahir la salle sinon entourer les salles de classe pour celles qui n’ont pas été sélectionnées pour les sessions de sensibilisation ». Pour Pascaline, certaines femmes par honte et la peur d’être connues comme victime n’ont pas voulu parler de leur aventure, « certaines disaient toujours qu'elles devraient se rendre au bureau d’AZUR Développement afin d’expliquer ce qu'elles ont vécu durant leur vie. Etcela s’est fait en peu de temps les femmes se présentaient au bureau et racontaient leur histoire vécu », a-t-elle expliqué. Révoltée, Madame Nzaou, la quarantaine, une participante au séminaire de Pointe-Noire, qui a été déjà victimes d’une violence conjugale, aujourd’hui a regagné le toit parental. Pour elle « un homme qui violente une femme est un élément dangereux qu'il faut contrôler et punir, parce qu'il est comparé à un assassin ».

 Pour Koukouata Caroline, une des participantes aux sensibilisations de Nkayi dans le département de la Bouenza encourage des femmes violoées à « ne plus continuer à se taire face aux hommes qui nous violentent, mais plutôt les dénoncer ou porter plainte afin de réduire les cas de violence quelque soit sa forme », à Audrey Ntsimba une autre participante de Nkayi de renchérir, « c'est en le dénonçant qu’on pourra arrêter les violences et sortir du mutisme dont fait montre les femmes». Pour l’Assistante de projet Pointe-Noire, Ida Moussa, après avoir organisé une série de sensibilisations et de projections des histoires numériques a affirmé expliqué’« après les formations, une dizaine de femmes victimes des violences ont cherché à nous rencontrer . Ce que confirme Blancelga Nzoumba, âgée de 14 ans, « j'ai failli être violée à 11 ans par un homme d'au moins 50 ans, mais j'avais peur de le dénoncer et aucune personne de ma famille ne le sait, aujourd’hui j’en parle grâce à AZUR Développement » et à Madame Nzaou de conclure, « je me suis enfin libérer du poids que je portais ».

 Signalons qu’au cours de ces sensibilisation et formations, les animatrices et participantes ont tenté de trouver des réponses à des les questions : si ton père t’as violé, il est aussi nécessaire de le dénoncer ? Après un viol, combien de temps après peux-tu te rendre compte que tu es enceinte ? Faut-il faire un avortement ou pas ? Pourquoi les hommes abusent-ils des femmes ? Qu’est ce qu’une fille peut faire pour prévenir la violence ?

 Marien Nzikou-Massala

samedi, novembre 12, 2011

Des petites affaires pour contrer la pauvreté chez les femmes séropositives

Travailler et retrouver sa dignité, c’est possible. C’est ce que font plus d’une soixantaine de femmes séropositives en milieu rural. Hier, elles étaient très pauvres et aujourd’hui, elles ont décidé d’entreprendre des petites affaires communément appelées activités génératrices de revenu (AGR) en prenant des prêts sans intérêt auprès d’AZUR Développement dans la Bouenza et la Lékoumou. Une initiative qui porte ses fruits.



Lundi 3 octobre 2011, à 6h 15mn, à Soulouka (un des quartiers de Nkayi au sud ouest de Brazzaville), une file d’attente des gens debout, en train d’attendre les beignets et la bouillie devant la table de maman Emma. «Cette femme fait des bons beignets et de la bonne bouillie. Voilà pourquoi je ne peux pas aller ailleurs… », témoigne Emma, une enseignante au Collège de Nkayi. Malgré son statut de séropositif, les gens préfèrent acheter chez elle. D’après cette dernière, son secret dans la pâtisserie c’est de bien faire son travail, de bien recevoir les clients. C’est cela qui paye dans la vie. Maman Emma n’est pas la seule femme PVVIH qui émerge.

Il y a bien d’autres qui réussissent dans d’autres secteurs d’activités. Eliane, mère de trois enfants explique, « C’est depuis 2010 que je vends la friperie au marché de Sibiti. C’est grâce à ce commerce qu’aujourd’hui je gagne ma vie. C’est en quelque sorte mon père et ma mère. C’est avec cette activité que je m’occupe de mes enfants dont deux sont à l’école dans privée.» Si actuellement ses femmes se prennent en chargent, il on n’était pas le cas hier.

Pour Emile, il n’est pas facile pour les PVVIH de vivre dans la société congolaise dans la mesure où elles ne savaient plus à quel saint se vouer. Stigmatisées par-ci, discriminées par là, l’unique solution qui leur restait était de se résigner et mourir. «Même dans leur cercle familial, celles-ci étaient rejetées. En dehors de la lutte contre le virus dans leur corps, les PVVIH doivent lutter chaque jour contre les regards stigmatisant, dédaignant et accusateurs de son entourage », témoigne dans l’ombre une présidente d’une association des personnes séropositives.

La pauvreté, une situation imminente


Il faut dire que le travail que fait des associations est train d’apporter ses fruits. Selon Alida Badila, Assistante de projet d‘AZUR Développement à Nkayi, elles appuient plus de 70 activités génératrices de revenus par année, des petites affaires qui renforcent la sécurité alimentaire, la santé et la joie de vivre des dizaines de femmes séropositives et de quelques hommes qui ont accepté leur statut sérologique.

L’octroi des appuis s’effectuesur la base d’un certain nombre de critères définis à l’avance par AZUR Développement. «Les critères de sélection desbénéficiaires c’est d’être une PVVIH, n’est pas travaillé au public ni au privé et être une personne démunie. Les montants alloués s’élèvent à 55.000 F CFA ou US$122a pour certains projets et à 120 000 FCFA ou US$ 334 pour d’autres nécessitant un peu plus d’investissement pour la réalisation », explique Alida. Quand l’on sait que 60% des ménages au Congo vivent en dessous du seuil de pauvreté ; l’on comprend pourquoi ces petites affaires sontindispensables pour briser le cycle pauvreté et VIH/SIDA.

Rembourser son prêt en 9 mois


9 mois, c’est la durée accordée aux bénéficiaires pour rembourser leurs prêts. Pour l’heure, les bénéficiaires de Nkayi ont commencé à payer le trimestre de (juin-août 2011), selon l’échéance mensuelle de tout un chacun. « Toutes nos bénéficiaires remboursent sans trop de problèmes, nous avons enregistré un taux de remboursement de 78% à ce jour, parmi les échecs, il y a des femmes qui décèdent », dit Alida.
« Je fais le tour des bénéficiaires, parfois en voiture et quand elle est en panne, à pied. Au début, les chefs des groupes solidaires venaient rembourser pour tous leurs membres ; après 2 mois, chacune rembourse à son rythme et jour selon la vente », nous confie Alida.

Dans la Lékoumou, c’est pareil, sur les 21 bénéficiaires des prêts sans intérêt, plus de la majorité rembourse chaque fin ou début de mois selon Nina Mboyo, coordonnatrice d’AZUR Développement à Sibiti. Parmi les femmes, huit femmes sont chefs de ménages de leurs foyers soit, pour avoir divorcé d’avec leur époux, soit parce qu’elles sont veuves ou encore parce qu’elles ne sont pas mariées. Elles sont fières de pouvoir prendre soin de leurs enfants. Quand on considère que d’après l’enquête congolaise auprès des ménages (ECOM 2005) ; la pauvreté est plus importante parmi les ménages dont le chef est une femme (58.2% pour les ménages dirigés par la femme, contre 48.8% pour ceux dont le chef est un homme) ; on apprécie mieux l’impact du projet sur la vie de ces femmes séropositives chefs de famille.

Il faut dire que la pratique des petites affaires dans ces deux départements, a permis aux PVVIH de se prendre en chargent et de développer une certaine autonomie. « Je vends de friperies au marché de Nkayi depuis 2010. Je m’en sors bien et je n’ai pas des problèmes pour prendre mon traitement. Je fais une ristourne de 30.000 F cfa ou US$65 la fin du mois où nous sommes douze commerçants. Je vends deux à trois ballons de fripperie le mois. Je n’ai pas moins de 45.000 F cfa ou US$ 100 le mois», confie cette mère de 2 enfants à Nkayi, chef de ménage

Dans le secteur de la savonnerie, elles produisenten groupe, mais vendent chacune de son côté. D’autres ont développé des filières de vente dans les villages environnants, « vos idées sont les bienvenues », nous ont-elle lancé..

Une façon de motiver chaque membre du groupe à fournir des efforts. Elles produisent près de 100 savons par jours. Pour les écouler, ils ont bâti une stratégie consistant que chaque membre du groupe participe à la vente et à la distribution. «Notre produit est apprécié par des populations et il est beaucoup acheté sur le marché par rapport aux savons manufacturés. A la fin du mois, chaque membre du groupe touche environ 30.000 F cfa », raconte Jean, père marié de trois enfants. Carine, une consommatrice estime que le savon local coute moins cher et il est vendu à plusieurs prix, au moins 500 FCFA pour 5 savons, soit à US$ 1. C’est du bon savon et nous devons savoir valoriser ce qui est fabriqué par nous nous mêmes.

Les AGR sont un vrai secours sur le plan nutritionnel, éducatif, économique et psychologique des PVVIH. Pour Nina Boyo, l’octroi des prêts est considéré comme une bouffée d’oxygène pour répondre efficacement à leur besoins et à redonner un nouveau souffle au milieu des PVVIH pour qu’elles deviennent utiles dans la société congolaise.Ce programme VIH/SIDA et l’appui aux AGR est soutenu depuis 2009 par la Fondation Planet Wheeler.

Jean Thibaut Ngoyi

mercredi, mai 11, 2011

Appuyer des séropositives pour leur autonomie

Conscientes de leur statut sérologique des personnes vivant avec le Vih/sida dans le département de la Lékoumou et de la Bouenza, les séropositives exercent des activités génératrices de revenu (AGR) pour leur autonomie. Elles sont appuyées depuis 2010 par une association qui milite dans le cadre de cette pandémie.


9 heures 25 minutes, dans son atelier de couture à Sibiti dans le département de la Lékoumou, Mireille, une femme séropositive, assise dans son atelier de couture est entrain de prendre des mesures à deux clientes pour leur confectionner des Kanzako (un modèle d’habit cousu par des coutières qu’aiment porter des femmes). «Je reçois beaucoup de clients qui viennent avec leurs tissus pour leur confectionner des habits. C’est difficile car j’ai beaucoup de travail et, j’envisage déjà avoir une apprenante à mes côtés », nous fait savoir cette couturière, fille mère de deux gosses, la trentaine révolue.

Marie Josée, qui était abandonnée à elle-même, a refait sa vie aujourd’hui grâce aux AGR et n’hésite pas à délie sa langue. « En 2010, j’ai été appuyée à hauteur de 100.000 F cfa par l’association AZUR développement pour vendre des friperies. Ce commerce m’aide beaucoup autant que mon père et ma mère. Actuellement, je suis indépendante et je contribue même au niveau de la famille, quand il y a des problèmes de maladies ou de décès », confie cette dernière, vendeuse des friperies au marché de Komono dans le département de la Lékoumou. Elles sont soutenues dans plusieurs domaines, à savoir : l’agriculture, la savonnerie, la couture et le commerce.

A Samoussouala, (une savane située à 17 km de Nkayi (4e ville du Congo au sud de Brazzaville, dans le département de la Bouenza), Jeanne, chapeau à la tête, courbée avec une houe à la main droite est entrain de sarcler son champs d’arachides et du Manihot esculenta (le manioc) d’un hectare et demi à 9h 36mn. «Je suis cultivatrice et pendant les récoltes, je n’aurai pas moins de 500.000 F cfa (US$ 500) », lâche Jeanne.

« Nous soutenons les femmes dans l’agriculture, la couture, la pâtisserie, la savonnerie et le petit commerce de détail, mais il faut obligatoirement être séropositive et la personne doit également être démunie. Nous retenons aussi un petit pourcentage des hommes séropositifs», confie Pascaline Niombo, coordonatrice locale de l’association AZUR Développement à Nkayi, département de la Bouenza.

Les AGR dans ces deux départements ont en quelque sorte apporté une bouffée d’oxygène pour les séropositives qui étaient abandonnées par leur famille. Selon Pascaline Niombo, sur cinquante deux activités génératrices de revenu (AGR) financées en 2010, il y a une réussite de cinquante bénéficiaires. Elles ont réalisé des bénéfices importants.

Certaines ont même ouvert leur compte en banque dans leurs petites microfinances. Alida, une bénéficiaire séropositive qui s’est lancée dans le commerce a fait des progrès et aujourd’hui, elle est devenue autonome. « Je vends les friperie au marché de Nkayi depuis 2010. Dans le mois, je peux vendre trois arrivages de colis (ballons) de friperie. Aujourd’hui, je gagne mieux ma vie qu’avant. J’ai même ouvert un compte à la Mucodec. Je m’occupe de mes enfants et je supporte la scolarité de mes deux enfants qui fréquentent au privé», révèle Alida. Une autre bénéficiaire témoigne aussi, «avant j’étais une femme dépendante. Aujourd’hui je m’en sors a travers mon AGR. J’arrive à me soutenir en exerçant mon petit commerce. J’ai aujourd’hui un stock important et les ventes se multiplies…»

Régler son prêt pour devenir autonome


Les activités génératrices de revenu des personnes infectées par le Vih/sida dans le département de la Bouenza existent depuis 2010 et se poursuivent jusqu’en 2011. En 2010, les bénéficiaires n’étaient pas soumises à la contrainte de remboursement, mais en 2011, elles doivent apprendre à rembourser leur prêt.
«Elles étaient en individualité en 2010, mais en 2011, nous les avons encouragé à se regrouper à quatre ou plus, il y a une leader à la tête du groupe pour contrôler l’évolution de l’AGR. En 2011, elles doivent rembourser leur prêt sans intérêt. Il sera divisé par douze (12) et la somme trouvée est le montant à verser par mois. Cela permettra d’aider d’autres bénéficiaires », explique Pascaline.

Les montants des ces AGR varient de 50.000 (US$ 100U) à 300.000 (US$ 600) F cfa, en fonction de l’activité et du nombre de bénéficiaires. L’agriculture et la couture sont des AGR qui demandent beaucoup d’investissement. « L’agriculture et la couture demandent des gros montants parce que ce sont des activités qui nécessitent beaucoup de finances. Par exemple, pour une bénéficiaire qui n’a pas la machine à coudre, nous lui achetons la machine à coudre et les accessoire pour qu’elle commence à travailler », explique Nina.

Selon les coordonnatrices locales d’AZUR Développement dans ces deux départements, le coût global de ce projet, financé par la Planet Wheeler, s’élève à 30.000 dollars en 2010 et à 54.000 dollars en 2011.

Abordant les questions de suivi des bénéficiaires, Pascaline précise qu’elles sont d’abord formées avant de recevoir le prêt. Et le suivi se fait deux fois dans le mois (au début et à la fin) par les responsables de l’organisation.
Elles ont été formées comment gérer le stock, le renouveler, comment utiliser le bénéfice et le capital et épargner. D’après une bénéficiaire, le remboursement est une façon de nous encourager dans l’exercice et à devenir autonome.

Rembourser son prêt pour aider les autres


Si en 2010, les bénéficiaires séropositives des AGR n’ont pas connu le problème de remboursement de leur prêt, par contre, elles vont rembourser leur prêt pour l’année 2011. « L’idée de rembourser le prêt cette année 2011 est une bonne chose parce que nous avons des amies qui n’ont pas été soutenues en 2010 et je pense que cela va augmenter le nombre des bénéficiaires et que chacune de nous peut être autonome », dit une femme vivant avec le VIH à Komono.

Selon la coordonnatrice locale d’AZUR Développement dans le département de la Bouenza, « nous avons pensé cette fois-ci regrouper les bénéficiaires en petits groupes de trois à cinq et appliquer le système de remboursement pour accroître le nombre des bénéficiaires ». Le remboursement sera sans intérêt et remboursable en douze tranches, question de permettre à chaque bénéficiaire d’avancer quelque chose par mois jusqu’à finir avec la rétribution.


Jean Thibaut Ngoyi

Réconforter les personnes vivant avec le Vih/sida

L’appui psychosocial des malades du sida dans les hôpitaux des départements de la Bouenza et de la Lékoumou est presque inexistant. Depuis 2010, dans le département de la Lékoumou et de la Bouenza, l’appui psychologique des personnes vivant avec le Vih/sida (PVVIH) est un sujet qui préoccupe médecins, assistantes sociales et les PVVIH. Pour tenter de réduire les aspects de la stigmatisation, de la discrimination, une association qui travaille dans le cadre du VIH/sida propose des ateliers spécifiques pour les apaiser.

Jeudi 7 avril 2011, à 15 heures précises, dans un quartier de Sibiti dans le département de la Lékoumou, la salle est archicomble par les séropositives venues participer à un atelier, chacune assise écoute attentivement les intervenants.. « C’est pour la première fois que je prenne part à un atelier spécifique. Oui, la qualité du thème abordé par le médecin m’a vraiment soulagé. Désormais, je ne manquerais plus à ce rendez-vous», se réjouit une des participantes. Pour Martine, elle aussi qui ne cache pas ses impressions, témoigne en ces termes «j’ai pris bonnes notes sur ce que je ne savais. A l’hôpital, on ne nous dit pas grand-chose. Par contre, les vraies information au sujet de notre maladie sont données ici ».

«Avant je pensais que c’était une fatalité et que tout était fini pour moi. Je m’interrogeais pour quoi seulement moi ? Mais après l’enseignement des groupes de parole, ateliers spécifiques et visites à domicile, je réalise que je ne suis pas seule. C’est une maladie comme tout autre, et ceci me permet d’avoir un moral très haut », témoigne une séropositive sous le sceau de l’anonymat.

Selon Nina Mboyo, coordonnatrice locale AZUR Développement dans la Lékoumou, nous fournissons l’appui psychosocial des femmes bantoues et autochtones infectées par le Vih/sida depuis 2010 dans ce département. « Nous organisons des groupes de parole qui sont un espace où les séropositives peuvent dévoiler ce qu’elles ont comme problèmes. Chacune d’elles s’exprime et parle de ce qu’elle a constaté et les autres donnent des approches de solutions. Nous organisons aussi des visites à domicile parce qu’il y a des malades qui ont abandonné le traitement par crainte de la stigmatisation.», explique t-elle.

Selon Pascaline Niombo, coordonnatrice locale de l’association AZUR Développement dans le département de la Bouenza, "nous sommes passées de groupes de parole aux ateliers spécifiques du fait que nous recevons un grand nombre des bénéficiaires (40 PVVIH car la demande pour l’appui psychologique est forte".

Ces ateliers se tiennent une fois dans le mois et sont dirigés soit par un médecin ou soit par deux assistantes sociales et le personnel d’AZUR Développement.
« Nous organisons des activités selon les besoins des PVVIH parce qu’à l’hôpital, le médecin reçoit plusieurs malades et il n’a pas suffisamment du temps pour expliquer aux personnes séropositives tous les détails nécessaires. Compte tenu du nombre élevé des bénéficiaires aux ateliers, nous travaillons avec deux assistantes sociales», explique t-elle.

Des ateliers pour expliquer le VIH/SIDA en long et large

Amorcé par les groupes de parole en 2010, puis avec les ateliers spécifiques en 2011, le travail de l’appui psychosocial a apporté ses fruits, un changement de la part des malades du sida dans le département de la Bouenza et la Lékoumou.
Si en 2010 les PVVIH se regroupaient en groupes de parole, en 2011, ce sont maintenant des ateliers spécifiques qui regroupent trente à quarante personnes vivant avec le VIH/SIDA pour parler de tout sur la maladie.
« Les bantous et les autochtones prennent part aux ateliers spécifiques. Elles viennent pour chercher à s’informer sur la maladie parce que ce lieu un espace où elles peuvent trouver la satisfaction à leurs préoccupions. A l’hôpital le médecin à un grand nombre des malades, et parfois ne peut pas aller dans des explications en profondeur. Mais en faisant des exposés sur des thèmes précis, cela permet aux malades de comprendre comment s’en tenir. Exemple : l’importance de la thérapeutique, les connaissances de base, la vulnérabilité des PVVIH, le désir de reproduction… », confie un médecin à Sibiti.

Michel André Mouata, médecin à l’hôpital de base de Nkayi, chef de l’unité hospitalière de prise en charge des PVVIH, dans le département de la Bouenza définit l’appui psychosocial comme une façon de regarder le patient dans sa situation psychologique et sociale. Il est très important dans la prise en charge des maladies chroniques en général et du Vih/sida en particulier. «L’appui psychosocial consiste à accompagner et à encadrer les patients dans leur situation psychologique et sociale. Nous procédons par un counseling pré et post test pour amener le patient à accepter le résultat, des groupes de parole, une éducation thérapeutique avant le traitement antirétroviral (TAR) et dans le suivi du TAR», explique le Dr..

Le changement pour les femmes séropositives

Ces espaces ont largement contribué à un changement de comportement au niveau des séropositives par rapport avant, quand elles étaient abandonnées à elles-mêmes. Eugénie, une fille mère de deux gosses à Komono, témoigne, «Je connais maintenant la maladie qu’avant où je faisais parfois des rechutes parce que je n’avais pas une information fiable sur la prise des médicaments de façon régulière pour vivre longtemps. Maintenant là, je connais les heures de prises des antirétroviraux de façon régulière et qui est accompagnée de la nourriture consistante pour que je maintienne mon état physique».

Une autre affirme également « l’appui psychosocial nous a beaucoup aidé à accepter la maladie. Certains patients n’ont pas des connaissances de base sur cette maladie et même sur la conduite à tenir devant une difficulté telle que sur le désir d’avoir des enfants tout en étant séropositives ». C’est ainsi que le médecin souligne l’importance du suivi médical "le premier conseil c’est que le ou la patient soit mis sous TAR pour diminuer la charge virale. Plus la charge virale est élevée, plus le risque de contamination est grand".

Les sortir de l’ignorance

Les séances des ateliers spécifiques constituent des moments importants pour des patients du sida d’échange d’expérience et de partage entre eux. Selon les statistique d’AZUR Développement, plus de 350 femmes séropositives ont bénéficié de cet appui psycho social. « Même lorsque certaines femmes infectées par le VIHn’ont pas l’information, elles s’arrangent à avoir l’information auprès des autres », lâche Pascaline.

Pour Agathe, bénéficiaire du projet à Sibiti dans la Lékoumou «le jour où nous avons atelier spécifique, je quitte à temps aux champs et je me prépare pour aller à l’atelier spécifique. C’est moment intéressant que je tiens à cœur, car l’atelier spécifique est pour moi un véritable cure…». Aujourd’hui, le traitement du Vih/sida n’est pas seulement les antirétroviraux, mais «l’appui psychosocial à soulager des malades du sida parce que les activités que nous menons les aident de ne plus s’abandonner, car elles ont compris qu’aujourd’hui, vivre avec le VIH/SIDA n’est pas une fin en soi, plutôt elles peuvent vivre longtemps.

Le plus important c’est de prendre son traitement régulier tout en respectant les conseils du médecin traitant », conclut une assistante sociale.



Jean Thibaut Ngoyi

VIH/SIDA : s’unir pour mieux défendre leurs droits

Souvent stigmatisées et ce, même en zone rurale, des femmes infectées et affectées par le VIH/SIDA dans le département de la Bouenza ont créé une association pour faire face à leurs problèmes.

« Nous avons crée cette association pour que nous soyons regroupées pour lutter contre la discrimination, la stigmatisation et revendiquer nos droits», résume Célestine, présidente de l’association des femmes de développement de la Bouenza (AFDB). C’est grâce au soutien multiforme de l’association AZUR Développement que cette jeune organisation à base communautaire (OBC) a été créée depuis février 2011 à Nkayi. « C’est AZUR Développement qui nous a aidé à créer cette association. On n’avait aucune une idée qu’on pouvait se regrouper comme ça, mais on a fini par se regrouper et décider de mener nos activités », témoignage Yvette, secrétaire générale de AFDB.

Ses champs d’action


Cette association entend travailler dans le domaine de la lutte contre le VIH/SIDA, l’éducation des filles en zone rurale, et sur la santé de la reproduction. Dans les prochains mois, elles voudraient mener une enquête sur la déscolarisation des filles et la situation des jeunes filles mères dans les quartiers de Nkayi ; afin de comprendre les problèmes et travailler à les résoudre.


Par ailleurs, étant une jeune association, elles voudraient mener des activités génératrices de revenus pour s’auto financier. Consciente de la fertilité des terres arables de la Bouenza, elles sont déterminées dans un premier moment se lancer dans l’agriculture (cultiver le manihot escuenta ‘’le manioc‘’, l’arachide, et le maïs). «Nous sommes motivées à faire des travaux champêtres pour la simple raison que c’est ce que nous avons l’habitude de faire dans nos ménages. Et dans un deuxième temps, nous penserons à avoir une fabrique des savons… », confie la présidente de AFDB.
A travers ses activités, elles pensent aussi insérer leurs membres dans la société en devenant autonomes.

Selon une de leurs membres dans l’ombre, « nous voulons que les femmes infectées ou affectées par le VIH/SIDA doivent avoir une autonomie économique parce qu’elles sont défavorisées, discriminées, et stigmatisées au niveau de la société ». Elle poursuit « le traitement que nous prenons est fort, il est donc important pour nous de bien manger. Il y a d’autres malades dont leur état physique ne s’améliore pas parce qu’elles n’ont rien à manger et aucune activité qui puisse générer des fonds ».

Faire changer les choses


Certaines associations se créent, mais souvent peu ne savent pas jouer leur rôle de leadership. Célestine, a participé à un atelier régional sur le leadership, droits humains et Vih/sida du 18 au 21 Avril 2011 à Brazzaville. Elle explique : « Je suis venue suivre une formation ici à Brazzaville sur le leadership, et apprendre comment diriger une association. A mon retour, je vais transmettre ces connaissances aux autres, à la base, leur apprendre que l’association. Ce n’est pas seulement la Présidente qui doit travailler, mais c’est un travail d’équipe, où chacune doit mettre sa main à la patte ».

Célestine est aussi décidée à mener AFDB plus loin et confie : « AFDB doit rédiger désormais des petits projets au niveau local pour mobiliser des ressources ».

Jean Thibaut Ngoyi

HIV/AIDS: Uniting to better defend their rights


Often stigmatized, even in rural areas, women infected and affected by HIV/Aids in the department of Bouenza have formed an organization to address their problems

“We have created this organization so that we can work together in the fight against discrimination, stigmatization and claiming our rights,” says Célestine, president of the Women’s Development Organization of Bouenza (AFDB). It is thanks to the generous support of the organization AZUR Development that this young community-based organization (CBO) was created in February 2011 in Nkayi. “It is AZUR Development that has helped us to create this organization. We had no idea that we could come together like this, but we finally got together and decided to conduct our own activities,” according to Yvette, the general secretary of AFDB.

Their courses of action

This organization intends to work in the fields of the fight against HIV/Aids, girls’ education in rural areas, and reproductive health. In the coming months, they would like to investigate the schooling of girls and the situation of young mothers in the districts of Nkayi in order to understand their problems and work to resolve them.

Moreover, being a young organization, they would like to undertake income-generating activities to support themselves financially. Aware of the fertility of the arable land in Bouenza, for the moment, they are determined to engage in agriculture (cultivating cassava called “le manioc”, groundnut, and maize). “We’re motivated to do field work for the simple reason that this is what we usually do in our own households. And next, we will think about manufacturing soap,” confides the president of the AFDB.

Through its activities, they’re also thinking of inserting their members into society by becoming independent. According to one of their shadowed members, “we want women who are infected or affected by HIV/Aids to have economic independence because they are disadvantaged, discriminated against and stigmatized in society.” She continues, “the treatment that we take is strong, therefore it is important for us to eat well. There are other patients whose physical condition does not improve because they have nothing to eat and no income-generating activity.”

Making a difference

Some organizations are created, but often they cannot play their leadership role. Célestine participated in a regional workshop on leadership, human rights, and HIV/Aids from April 18th to 21st 2011 in Brazzaville organized by AZUR Development and its partner. She explains, “I came here to Brazzaville to undergo leadership training to learn how to direct an organization. On my return, I will pass this knowledge onto others so that they can learn how to run an organization at a base level. It’s not only the President who has to work, but it’s a team effort, where each member must get their hands dirty.”

Célestine is also determined to carry AFDB even farther and confides, “AFDB must prepare now for small projects at the local level to mobilize resources.”

Jean Thibaut Ngoyi
Translated from English to French by Lauren Messina