lundi, mars 30, 2015

L’apprentissage de métier, une thérapie pour les victimes des violences domestiques

Sur 15 jeunes filles victimes des violences domestiques, psychologiques, morales… à Nkayi, engagées à apprendre la coiffure en six mois, 11 maîtrisent le boulot à un mois de leur sortie. Incroyable, mais c’est vrai.

Au siège d’AZUR Développement, à Soulouka 2, un quartier de Nkayi, 11 jeunes filles apprenantes en coiffure sont en plein travaille. Assistées par leur formateur, cinq parmi elles apprennent à coiffer sur les têtes de leurs camarades dans un hangar de l’association. «Nous apprenons les coiffures sur les têtes des nos amies simplement pour apprendre, car s’il faut attendre les clients, on va traîner pour maîtriser la coiffure », a fait savoir Dorella, une victime de maltraitance en coiffure, 23 ans révolus.
La plupart des apprenantes en coiffure à Nkayi ont subit des violences domestiques, psychologiques, morales… Lydie Nzouzi kizimou, mère d’un enfant, une habitante du quartier aquarium (CQ10) et apprenante en coiffure témoigne : « mon mari m’avait abandonné avec  une grossesse de trois mois 3 mois. Je m’étais débrouillée seule à entretenir ma grossesse jusqu’à l’accouchement. Après ce choc psychologique, j’ai décidé aujourd’hui d’apprendre la coiffure pour qu’un jour ça m’aide à prendre en charge mon fils. En cinq mois d’apprentissage, je fais les coiffes du genre le chignon, le lock, le tissage.»
Pour André Migoua, formateur en coiffure, ne cachant pas sa langue dans la poche, estime que d’ici le 28 novembre 2014, nous aurons des soutenances. Elles vont avoir leur diplôme ou leur certificat de fin de formation leur permettant d’ouvrir leur propre atelier pour qu’elles s’exercent pour leur propre compte. C’est vrai qu’Il est difficile d’apprendre un métier en six mois, mais je fais des cours théoriques et pratiques. Si l’apprenante à la volonté, elle connaîtra le travail en six mois et elle sera capable d’exercer pour son propre compte. «Il y a une différence parce qu’elles sont capables de faire toutes les coiffes. Toutes les coiffures que vous avez vues sont faites par elles-mêmes. Elles font les coupes chinoises, carrées, les tissages rasés et bombés. Ça prouve qu’elles maîtrisent déjà le métier, car ce sont ces coiffures qui sont à la mode dans des ateliers », confie ce formateur de 25 ans de carrière en coiffure.

Le rêve des apprenantes

A en croire, chaque apprenante envisage à la fin de la formation d’avoir son atelier de coiffure, soit se constituer en groupe de deux ou de trois  personnes pour créer un atelier de coiffure. D’après une apprenante en coiffure, Dorella soufflant 23 bougies, son rêve c’est de faire son salon afin de devenir une grande femme parmi les femmes à Nkayi. Ce métier va sans douter changer ma vie. Je me bats à terminer ma formation pour que je sois aussi une femme respectable. Une autre apprenante la trentaine révolue, pense qu’au terme de la formation elle va avoir son propre atelier ou voir avec les autres comment travailler ensemble.
A un mois de la fin de leur formation, l’on ne peut plus remettre en cause leur talent. Leurs copines s’étonnent de la qualité de leur travail. C’est le cas par exemple de Dorella qui coiffe gratuitement ses copines à la maison dont la qualité du travail est appréciable. « En si peu de temps d’apprentissage, tu fais déjà des jolies coiffes de ce genre », s’est interrogée Mireille, sa copine du quartier Mwana nto.

« Redonner l’espoir aux filles par le métier » 

Le Diplomate français visite les apprenantes en coiffure à Nkayi
Victimes pour la plupart des violences domestiques, psychologiques, morales… elles paient 5.000 F cfa mensuellement à chacune contrairement ailleurs. Seulement, leur travail ne cesse de susciter de  l’admiration chez certaines filles, femmes, voire des garçons. Pour Jules Mabiala, c’est une bonne chose de former des jeunes filles aux métiers pour leur redonner le goût de la vie, mais aussi pour qu’elles deviennent autonomes.
Quant au formateur André Migoua, ça lui donne la joie quand quelqu’un apprend un métier parce que ça diminue la délinquance, la prostitution, de quémander de l’argent aux hommes. Et quand la femme ne fait rien, elle peut apprendre un métier pour être indépendante dans sa vie. Actuellement, elles sont au nombre de 11 qui vont soutenir le 28 novembre 2014 sur les 15 inscrites au départ.  
A titre de rappel, cette formation s’inscrit dans le cadre du projet : « Accès aux soins, à la justice et à l’appui économique des femmes et enfants victimes de violence domestique et sexuelle », mis en œuvre par AZUR Développement à Nkayi et à Pointe-Noire avec l’appui financier de l’Ambassade de France.

Jean Thibaut Ngoyi

« Les violences domestiques et sexuelles, un fléau intolérable à combattre »

L’association AZUR Développement a reçu le 30 octobre 2014 à son siège de Nkayi, dans le département de la Bouenza, son Excellence Monsieur l’Ambassadeur de France au Congo, Jean-Pierre Vidon. Objectif : visiter le guichet unique mis en place par AZUR Dév pour la prise en charge des victimes de violences domestiques et sexuelles faites aux femmes et aux filles.

14h 30mn. Sous un soleil radieux, c’est l’heure à laquelle que le diplomate français à foulé le pied dans l’enceinte de l’association AZUR Dév à Nkayi, accompagné d’une forte délégation française dont on peut noter la présence du Secrétaire général de la Saris, Monsieur le Consul général de France, le Conseiller économique, l’Attachée humanitaire, etc. Dès l’instant, le protocole a conduit ladite délégation en présence de la Directrice exécutive de cette organisation dans la salle du guichet unique où ils ont rejoint des autorités congolaises : le Maire de Soulouka 2, Eugène Nzaou, la Directrice départementale de l’intégration de la femme au développement de la Bouenza, Mme Damba née Mayouma Sabine et entre autres.
Après leur installation dans la salle avec acclamation de l’assistance, c’est la Directrice exécutive de l’association AZUR Développement, Sylvie Niombo qui a pris la parole pour leur souhaiter la bienvenue à Nkayi pour cette visite historique du guichet unique, avant d’ajouter que « Accès aux soins, à la justice et à l’appui économique des femmes et enfants victimes de violence domestique et sexuelle », est un projet financé par l’Ambassade de France.

Un fléau intolérable à combattre


Pour le Plénipotentiaire français, c’est un grand plaisir pour eux d’être à Nkayi pour se rendre compte de la mise en œuvre de ce projet auquel ils attachent beaucoup d’importance. Ce guichet unique mis en place par AZUR Développement est un projet que nous appuyons pour un montant de 21 millions de F cfa. Avec ce montant, il comprend qu’elle a déjà fait et va encore faire beaucoup de choses. « Les violences domestiques et sexuelles envers les personnes fragiles et vulnérables sont un fléau intolérable qu’il faut combattre. Chaque jour, dans le monde, des exactions sont commises à l’endroit des femmes et des enfants. Elles laissent des corps et des âmes profondément meurtris, voire brisés. Ces blessures sont intolérables et inacceptables …», a martelé dans son allocution son Excellence Monsieur l’Ambassadeur de France au Congo, Jean-Pierre Vidon.

Selon Ida Moussa, Coordonnatrice de projet, celui-ci s’inscrit dans le cadre des activités des associations AZUR Déve, ARIPS (à Pointe-Noire) et AFDB (à Nkayi) sur la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles. Pour elle, de mars à septembre 2014, les deux guichets uniques dont l’un est à Pointe-Noire et l’autre à Nkayi ont reçu 132 cas de violences sexuelle, physique, domestique, conjugale, morale, économique et faites aux enfants ; soit 52% de plaintes déposées à la police, gendarmerie et à la justice. Par exemple, pour la prise en charge économique, elle a fait savoir que « Nous avons formé 48 femmes et jeunes filles dont 17 sont en fin de formation sur les 150 prévues d’ici la fin du projet. Sur les premières apprenantes formées en pâtisserie, six exercent à titre personnel dont le revenu est estimé à 96.000 F cfa par mois. Une autre a trouvé du boulot à Saris Congo en pâtisserie-cuisine. Actuellement, nous sommes en train de préparer un plan d’accompagnement des apprenantes dans la rédaction d’un projet de vie professionnelle en cours (insertion, micro crédit, etc).»

Interpeller toutes les consciences ?
Du côté de Mme Damba née Mayouma Sabine, Directrice départementale de l’intégration de la femme au développement de la Bouenza, elle a rappelé que le Congo est signataire de plusieurs conventions internationales sur les droits humains et ne peut en aucun cas figurer parmi les pays qui méconnaissent l’importance des droits de l’Homme et, en fait, l’objet d’une préoccupation majeure au sein de notre communauté tant par des efforts des pouvoirs publics que de la société civile qui ne ménagent aucun effort pour garantir au mieux et dans la limite de leur possibilité la protection des droits humains. « C’est l’occasion d’interpeller la conscience nationale et celle des agents de la police nationale, la force publique afin que dans un élan de solidarité nous puissions tous contribuer à la promotion et à la protection des droits des femmes en général et en particulier la femme en tant que mère, épouse, éducatrice de la société », a dit cette dernière.


Jean Thibaut Ngoyi 

jeudi, mars 19, 2015

Le règlement à l’amiable, une des issues privilégiées par des victimes de violence

La loi sur la protection de l’enfance a fait l’objet d’une campagne de sensibilisation par AZUR Développement à Dolisie de janvier à février 2015. Ceci grâce au « projet de campagne de sensibilisation sur la loi sur la protection de l’enfance et les droits des femmes et enfants victimes d’abus, de violence sexuelle et domestique », financé Pareda.

Selon Les entretiens réalisés avec la police, la gendarmerie, des présidents de quartier 206 et 207, les chefs du quartier Padi, et Moupépé, de la direction départementale de la femme, des élèves … les us et coutumes font que les victimes ne peuvent pas aller jusqu’au bout de leur décision de peur de susciter des cas de sorcellerie dans la famille. Les gens préfèrent un règlement à l’amiable non pas seulement pour préserver le foyer mais aussi parce que pour la plupart, les auteurs sont des membres de la famille (papa, cousin, frère) d’où, le fait d’être bastonné ou séquestré par la police ou par la gendarmerie peut entraîner la désunion. 

Gabriel Moussounda Boulingui, président du quartier 206 souligne «nous avons des informations des cas de violence qui vont directement à la police sans nous contacter et dont les auteurs sont des parents et voisins. En fait, ils arrangent entre eux ». Pour enfoncer le clou, le lieutenant de la police en témoigne: « bien que le chef de famille se porte parfois garant de l’affaire, mais quand vous voulez les aider, vous êtes étonné de constater que la victime vous dise qu’elle retire sa plainte ».
Mais s’il y a une épée de Damoclès suspendue sur la famille et la victime, Felix Mouanda, lieutenant commandant de brigade à la gendarmerie centrale de Dolisie s’inscrit en faux : « on ne peut s’amuser avec les crimes, les délits et les contraventions à cause des conséquences. Je qualifie les infractions sur le code pénal. Ce plaidoyer a apporté un changement car les victimes se sentent mieux et se confient à AZUR Développement ». Pour lui, cette collaboration est nécessaire, mais le problème est la suite au niveau du parquet.« Nous demandons une étroite collaboration avec AZUR Développement pour un contact permanent avec les magistrats du parquet», a-t-il martelé.

Une loi mal connue

Au sujet de la loi et les types de violences, sept élèves et cinq femmes vendeuses au marché Tsila sur 21 ne connaissaient pas la loi ni les types de violences. Ainsi, les campagnes de sensibilisations dans les arrondissements 1, 2 et quartiers, dans les écoles et les Centre de santé intégré (CSI) ont permis aux participants de connaître les différentes sortes de violences et la loi en vigueur. 

Exaucée, élève en 4ème au Centre technique de formation (CTEF) affirme : « je frappais correctement mon petit frère, mais depuis que nous avons été sensibilisés à l’école par AZUR développement sur la loi, je ne le fais plus ». Pour sa part, Sylvie Ndoudi, vendeuse au marché de Tsila pense que « le thème qui a retenu son attention au cours de la sensibilisation est la violence économique parce qu’elle ne savait pas ce que c’est ».
Les bénéficiaires ont compris qu’en dehors du viol et de la violence physique, il existe d’autres types de violence parmi lesquelles on note : la violence domestique, économique, verbale, la maltraitance, etc. A l’issue de cette campagne, des populations savent désormais à qui s’adresser et comment faire afin de dénoncer ou de poursuivre les auteurs.
En termes de résultats, sept (7) émissions ont été réalisées ; quinze (15) cas des filles dont l’âge varie entre 8 et 14 ans ont été identifiés et déjà écoutés par Nina Mboyo, Coordonnatrice de projet. Cinq (5) cas ont été déjà orientés chez le juriste. Un cas a été orienté chez le psychologue pour un appui psychologique, et un cas à la gendarmerie. D’autres par contre refusent de pouvoir dénoncer les auteurs et sont injoignables. 
Au cours d’un focus group de discussion, Colombe Mandzimbala, prestataire audit projet a résumé: « les gens étaient vraiment intéressés, motivés parce que c’est pour la première fois qu’on les sensibilise sur les différents types de violences dont ils ignoraient encore ».

                       Blandine Dieudonnée LOUZOLO

«AZUR Développement doit regarder dans quelle mesure nous pouvons pérenniser ces acquis»

Coordonnatrice de projet «Campagne de sensibilisation sur la loi sur la protection de l’enfance et les droits des femmes et enfants victimes d’abus, de violence sexuelle et domestique » à Dolisie, dans le département du Niari du 1er janvier au 25 février 2015, Nina Mboyo a accepté de nous accorder une interview sur le déroulement dudit projet.
Quelle est votre implication dans le projet ?

Je suis impliquée dans le projet de façon systématique. Lors des sensibilisations, j’interviens dans la présentation des objectifs de notre appui avec les partenaires, la présentation des thèmes, et j’insiste sur les points saillants de sorte que les participants posent des questions. Au cours des descentes, je supervise et je sensibilise en même temps.

Comment identifiez- vous les victimes de violence ?
Au cours des sensibilisations et les descentes, nous identifions certains cas qui s’annoncent après avoir reçu le message. D’autres par contre nous appellent  après la sensibilisation, car nous laissons les contacts et les coordonnées de l’Association AZUR Développement et des partenaires.

Pouvez-vous décrire le moment de travail?
Nous recevons des appels des victimes ou de leurs parents via nos partenaires (chefs de quartiers, la police, la gendarmerie) ; parfois nous allons chez les victimes ou encore ces dernières viennent au siège de l’Association AZUR Développement pour l’écoute. Cette écoute est individuelle sauf si l’enfant est incapable de s’exprimer. Suite à cela, nous faisons un briefing du projet avant de demander l’avis à la victime et parents ce qu’ils attendent de nous. Certains  cas nécessitent l’appui juridique. D’autres sont soumis au psychologue. Entre temps, AZUR Développement continue à faire le suivi par téléphone.

Combien de cas  recevez- vous par jour ? Quel est leur âge ? Les auteurs et leurs affinités.
Le nombre dépend des jours. Il arrive parfois qu’on reçoive quatre  personnes par jour. Concernant les violences sexuelles, ce sont des enfants violées, soit par des membres de la famille, soit par des parents proches ou encore par des cousins. L’âge des victimes varie entre 8 et 14 ans. Pour les attouchements, l’âge va de 5 à 18 ans et pour la maltraitance, l’âge varie de 10 à 19 ans.

Combien de cas avez-vous déjà résolus et quels sont les résultats ?
15 cas dont leurs âges varient entre 8 et 14 ans ont été identifiés et déjà écoutés au siège de l’association AZUR Développement. Cinq(5) cas ont été déjà transmis chez le juriste. Un autre cas a été orienté chez le psychologue pour un appui psychologique et enfin, un dernier cas à la gendarmerie. Par contre certaines victimes refusent de pouvoir dénoncer leurs auteurs. D’autres sont injoignables. Si l’auteur est un membre de la famille, les victimes préfèrent régler à l’amiable. Raison: éviter les cas de sorcellerie.

Après la formation organisée par AZUR Développement, cela a-t-il changé votre façon de voir les choses ?
Ce projet nous a permis de mieux connaître les quartiers, les postes de la police et de la gendarmerie, mais surtout de découvrir les réalités de la localité. Nous sommes  capables de mener une lutte à l’égard de violence des femmes et des enfants. Actuellement, AZUR Développement à une visibilité à Dolisie ; les appels et les témoignages résonnent. D’ailleurs, les parties prenantes et les bénéficiaires souhaitent que nous puissions continuer la sensibilisation mais surtout dans les quartiers où les activités n’ont pas eu lieu.

Etes-vous satisfaite de ce travail ?
Je suis très satisfaite car je vis les réalités de la violence dans les localités dans lesquelles le projet s’est déroulé. Cependant le projet touche à sa fin et j’imagine combien de fois nous serons dérangés par les appels téléphoniques.

Quels sont les partenaires du projet et les relations que vous entretenez ?
Nous avons travaillé avec AVLUS et l’Association des épouses des militaires. Nous avons aussi travaillé avec la gendarmerie, la police, le Ministère de la Promotion de la femme, les chefs et présidents des quartiers, les directeurs et surveillants des écoles, la psychologue. Ces partenaires ont été une protection car ils ont en même temps été un « laissez-passer » pour nous et les prestataires dans la mobilisation et dans l’identification des victimes.

Comment comptez-vous pérenniser ces acquis ?
Lorsque d’autres victimes vont être identifiées, nous allons continuer à faire l’écoute, les conseiller et si possible les orienter dans la démarche judiciaire. Nous allons continuer le suivi pour les cas déjà identifiés et on gardera le contact avec nos partenaires.

Quelles sont les difficultés rencontrées ?
La mobilisation dans les quartiers et les pluies qui ont causé les reports des activités sont des problèmes rencontrés dans la mise en œuvre du projet. Beaucoup de cas identifiés sont jusqu’à ce jour injoignables car ils ont peur de dénoncer leurs auteurs.


Quelles sont vos suggestions ?       
AZUR Développement doit regarder dans quelle mesure nous pouvons pérenniser ces acquis à long terme, car le changement de comportement ne se produit pas dans un laps de temps. L’implication des hommes est aussi nécessaire car ce sont des auteurs et avoir aussi leur point de vue. Il faut souligner que la soif n’est pas étanchée dans la mesure où les gens ont pris goût. Je remercie AZUR Développement et le Pareda pour la formation. J’ai appris à informer, sensibiliser et accompagner les victimes de violence.

Propos recueillis par Blandine Dieudonnée Louzolo




Les femmes et filles de Dolisie sont informées sur les formes de violence

Entre janvier et février 2015, plusieurs quartiers de Dolisie ont été  couverts par une série de sensibilisation menées par AZUR Développement dans le cadre du projet « Campagne de sensibilisation sur la loi sur la protection de l’enfance et les droits des femmes et enfants victimes d’abus, de violence sexuelle et domestique », financé par Pareda. Le marché Tsila a marqué la fin de cette campagne.

Le 16 février 2015, à 15 h 30mn, le marché Tsila a été la dernière cible par cette campagne. Objectif : vulgariser la loi sur la protection de l’enfance et les procédures judiciaires à 800 femmes, hommes et enfants sur les abus, la violence sexuelle et domestique. Ces campagnes de sensibilisation se sont déroulées dans l’Arrondissement 1 et 2 de Dolisie avec 29 descentes dans huit quartiers, six campagnes de sensibilisation dans six écoles, et six autres dans les Centres de santé Intégré (CSI). Au total, 1193 personnes ont été touchées au cours de ces sensibilisations.



Dans ce marché, les vendeuses et vendeurs vaquent à leur activité. D’autres sont venus assister. Leida Lembé Mfoutou, une des prestataires à ce projet a présenté les thèmes sur la violence domestique, la violence physique, la violence économique, la violence verbale, la maltraitance, etc. Ces différents thèmes ont été expliqués à tour de rôle en fonction des circonstances qui correspondent à chaque type de violence. Le prestataire a également informé les participants sur l’existence de  la loi du 14 juin 2010 portant protection de l’enfance au Congo.

Prêtes à agir ?

Après la présentation des thèmes, un climat de tristesse à régné du côté des 21 participants. Pour éclairer la lanterne, Nina Mboyo, coordonnatrice de projet a expliqué le projet, le but des sensibilisations et les activités de l’Association. Elle témoigne : « après une sensibilisation, une fille s’est rapprochée de nous pour expliquer sa situation. Ainsi n’hésitez pas de vous rapprocher de nous. Nous vous remettrons nos coordonnées téléphoniques à la fin de la séance».
La réaction ne s’est pas fait attendre du côté des vendeuses du marché Tsila à Dolisie.  Beaucoup ont témoigné sur les cas de violence. La violence économique a été illustrée par le cas d’une femme qui exerce le commerce dont l’argent a été donné par le mari. En revanche, ce dernier a une mainmise sur le bénéfice.   Sylvie Ndoudi, vendeuse de gnetum africanus (couramment appelé coco en lingala) au marché Tsila dévoile « bien que n’étant pas mariée, le jour où je vais me marier, et si mon époux se comporte de la sorte, je sais ce qu’il y a à faire ou encore je vais lui remettre son argent ».
Le cas de violence domestique a été illustré par des exemples tels que les rapports sexuels sans consentement de la femme dans le foyer. A ce sujet, Cyrille Oussonguila, une vendeuse de beignet au marché Tsila, fulmine : « il arrive que ton mari qui a bu te force à faire des rapports sexuels sans votre consentement. Le fait qu’il te batte, tu te sens parfois obligé de lui laisser faire ce qu’il veut sans aucune envie. Si cela m’arrive, je sais quoi faire et à qui s’adresser ». Du côté d’une participante à cette sensibilisation, Généviève Mabiala, elle s’est étonnée : « je ne savais pas que les rapports sexuels forcés dans un foyer et les rapports sexuels avant l’âge de 15 ans sont des violences ».

L’ignorance de loi

L’attention de chaque participante est attirée par une violence spécifique. Pour Madame Moline, une autre vendeuse des divers, le thème sur la maltraitance  l’a beaucoup touché. Elle ne savait pas que le comportement qu’elle affiche auprès de  son enfant constitue la violence, surtout lui refuser de donner l’argent en cas de besoin.
Bien que la loi existe, mais combien la connaisse ? Sylvie Ndoundi qui  ne cache pas son ignorance sur la loi du 14 Juin 2010 portant protection de l’enfance au Congo affirme : « j’ai été toujours méchante avec ma fille par mes propos. Maintenant que je sais qu’il y a une loi qui existe, je vais profiter d’expliquer à celles qui n’ont pas été avec nous de changer de comportement ou leur donner conseils, les expliquer en cas de violence comment entamer des procédures judiciaires ».
Quant à Zamba Cherelle, une participante à cette sensibilisation pense que « nous avons été informés sur le problème du viol, mais je me demande si l’accoutrement peut aussi être l’une des causes du viol ». Répondant à cette question, la coordonnatrice de projet lâche : « quel est l’accoutrement d’un enfant de 2 ans pour qu’elle soit violée ? ». Des hommes tentent de se défendre, mais accusent que certaines femmes sont parfois à l’origine de la violence dans les foyers par leur comportement.
Selon Sylvie, il faut continuer à éduquer pour changer le comportement de nos enfants. « Je souhaiterais que le projet puisse s’étendre pour atteindre d’autres personnes, voire d’autres localités pour informer celles qui sont encore dans l’ignorance».

Blandine Dieudonnée LOUZOLO