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dimanche, décembre 11, 2011

Violence à l’égard des femmes : des vidéos pour booster les femmes à dénoncer et agir

Depuis octobre dernier, plus de 700 adolescentes et femmes, suivent des formations, sensibilisations et projections de films pour prévenir et lutter contre la violence qu’elles subissent. Parmi ces femmes, les 14-63 ans, attentionnées, trouvent des mécanismes pour lutter, guérir, éduquer et plaider pour le changement. 


« Les femmes ont souvent peur de dénoncer les violences, même si elles en sont victimes, dans la crainte d’être regardée différemment dans la société. Elles se taisent et parfois acceptent d’endurer ces violences au nom de la tradition », observe Ida Moussa, Assistante du projet de lutte contre la violence mis en œuvre par Développement dans la ville économique de Pointe-Noire. Pour changer d’attitude et comportement face à cette situation, depuis le mois d’avril 2011, plus de 700 adolescentes et femmes de Pointe-Noire comme celles de Nkayi suivent des formations, sensibilisations sur les violences faites aux femmes et projection de film grâce à AZUR Développement.

 D’Avril à octobre 2011, 68 femmes et filles victimes de violence sexuelle et des battues ont été soutenues par le projet. 46 animatrices sont formées lors des ateliers intitulés « échanges féministes sur la technologie » où elles apprennent des notions de counselling aux victomes de violence et également les outils des technologies de l’information et de la communication (TIC) pour prévenir et apporter du soutien aux survivantes des violences. A travers des histoires numériques ou témoignages en vidéos, les survivantes racontent leurs propres histoires avec leurs propres dans le but de guérir, éduquer et plaider pour le changement. Les sensibilisations touchent également les filles à l’école, et au moins 503 adolescentes ont été sensibilisées en milieu scolaire.

 Ces adolescentes et femmes, provenant des différents quartiers de Nkayi et Pointe-noire, ont suivi des exposés sur les abus sexuels et harcèlement sexuels, les violences conjugales, les violences envers les enfants, les violences physiques et psychologiques et enfin les procédures judiciaires à suivre. « Ces sensibilisations sont les bienvenues pour nous dans notre localité qu'on en parle presque pas, nous avons découvert plusieurs formes de violences qu'on ignorait. Pour nous la violence était seulement sexuelle, or elle peut être conjugale, physique, psychologique », explique Joséphine Yimbou. En milieu scolaire, c’était autour de quatre thèmes à savoir, abus sexuels et harcèlement sexuels, les violences envers les enfants, les violences physiques et psychologiques, les procédures judiciaires à suivre, puis les projections de film, que la sensibilisation était axée.

 Satisfait de l’engagement des animatrices formées, Pascaline Niombo, coordonnatrice d’AZUR Développement dans la Bouenza explique, « les thèmes présentés ont attirés l’attention des élèves qui ont tendance à envahir la salle sinon entourer les salles de classe pour celles qui n’ont pas été sélectionnées pour les sessions de sensibilisation ». Pour Pascaline, certaines femmes par honte et la peur d’être connues comme victime n’ont pas voulu parler de leur aventure, « certaines disaient toujours qu'elles devraient se rendre au bureau d’AZUR Développement afin d’expliquer ce qu'elles ont vécu durant leur vie. Etcela s’est fait en peu de temps les femmes se présentaient au bureau et racontaient leur histoire vécu », a-t-elle expliqué. Révoltée, Madame Nzaou, la quarantaine, une participante au séminaire de Pointe-Noire, qui a été déjà victimes d’une violence conjugale, aujourd’hui a regagné le toit parental. Pour elle « un homme qui violente une femme est un élément dangereux qu'il faut contrôler et punir, parce qu'il est comparé à un assassin ».

 Pour Koukouata Caroline, une des participantes aux sensibilisations de Nkayi dans le département de la Bouenza encourage des femmes violoées à « ne plus continuer à se taire face aux hommes qui nous violentent, mais plutôt les dénoncer ou porter plainte afin de réduire les cas de violence quelque soit sa forme », à Audrey Ntsimba une autre participante de Nkayi de renchérir, « c'est en le dénonçant qu’on pourra arrêter les violences et sortir du mutisme dont fait montre les femmes». Pour l’Assistante de projet Pointe-Noire, Ida Moussa, après avoir organisé une série de sensibilisations et de projections des histoires numériques a affirmé expliqué’« après les formations, une dizaine de femmes victimes des violences ont cherché à nous rencontrer . Ce que confirme Blancelga Nzoumba, âgée de 14 ans, « j'ai failli être violée à 11 ans par un homme d'au moins 50 ans, mais j'avais peur de le dénoncer et aucune personne de ma famille ne le sait, aujourd’hui j’en parle grâce à AZUR Développement » et à Madame Nzaou de conclure, « je me suis enfin libérer du poids que je portais ».

 Signalons qu’au cours de ces sensibilisation et formations, les animatrices et participantes ont tenté de trouver des réponses à des les questions : si ton père t’as violé, il est aussi nécessaire de le dénoncer ? Après un viol, combien de temps après peux-tu te rendre compte que tu es enceinte ? Faut-il faire un avortement ou pas ? Pourquoi les hommes abusent-ils des femmes ? Qu’est ce qu’une fille peut faire pour prévenir la violence ?

 Marien Nzikou-Massala

vendredi, décembre 03, 2010

Avec internet, les barrières à l’égalité pour les femmes handicapées peuvent tomber



La journée mondiale pour l’élimination des violences faites aux femmes a été célébrée au Congo sous le thème plus d’égalité = moins de violence. Egalité en droits pour les femmes handicapées qui subissent des violences perpétrées en tête par leurs familles ou proches parents. Des histoires troublantes de femmes et filles battues, enfermées dans des maisons, ou affamées en raison de leur handicap. Une violence vécue par des femmes et filles handicapées qui est souvent tue ou banalisée.

Egalité dans l’accès à internet pour les femmes et filles handicapées

Egalité dans l’accès à l’internet, qui devrait être reconnu comme un droit fondamental. Désormais, l’internet est sur les téléphones mobiles dans le pays, mais comment les congolaises peuvent en tirer profit ? C’est ainsi qu’une vingtaine (20) de femmes journalistes et handicapées ont été outillées sur l’internet pour promouvoir leurs droits.

Etre sur la toile mondiale et l’utiliser pour s’épanouir.

Lors d’un atelier organisé à Pointe-noire du 25 au 27 Novembre 2010, en marge de la Journée mondiale pour l’élimination des violences faites aux femmes, par Handicapés Sans Frontières (HSF) ; des femmes handicapées et des média ont appris à créer des boîtes électroniques sur Yahoo et Gmail, effectuer des recherches sur Google et créer des blogues sur « blogger.com » et les astuces de rédaction de billets de blogues.

Ces femmes ont bravé l’épidémie de poliomyélite, les intempéries et la mauvaise connexion internet pour découvrir et être sur la toile mondiale. Elles ont persévéré car motivées à découvrir ce nouveau média qui leur permet de s’exprimer, de raconter leurs expériences et aussi communiquer.
Ne dit-on pas que les analphabètes du 21ème siècle sont celles qui ne connaissent pas l’informatique ?

Pousser les média à donner la voix aux femmes handicapées survivantes de violence

« Ces femmes handicapées et celles des médias de la ville de Pointe-Noire avaient été sélectionnées à l’issue de des ateliers de sensibilisations sur les violences faites aux femmes organisé par l’Association Handicapés Sans Frontières Congo » a expliqué Georgette Medja, Présidente de cette association.

Cette association compte aussi pousser les professionnelles des média à documenter la violence vécue par les femmes et filles handicapées et amplifier leurs voix.

La Directrice Départementale de la Promotion de la Femme, Anne-Marie Kouka Mampouya intervenant au cours de cette rencontre a rappelé que « la mondialisation passe par les nouvelles technologies de l’information et de la communication, plus particulièrement l’internet. L’internet constitue un puissant outil de dialogue, d’Information et de partage pour une participation efficace à la lutte contre les violences faites à l’égard des femmes et au développement ».

Insistant sur le rôle des média dans la lutte contre la violence, elle a déclaré « les médias constituent la voie idoine qui permet à la fois de véhiculer et de vulgariser les outils de lutte pour l’élimination des violences ».

En effet, il est reconnu dans la déclaration universelle des droits de l’homme que tous les hommes sont égaux, et ont les mêmes droits. La constitution congolaise reconnaît également que tous les citoyens congolais sont égaux. Ainsi, les femmes handicapées ne devraient pas être stigmatisées ou discriminées.

Avec l’internet, elles sont libres de toutes barrières et de leur handicap !

Pour les intervenantes à l’atelier, accéder à l’internet c’est « aussi briser les barrières, les inégalités et la stigmatisation ; avec l’internet toute les barrières sont tombées ». L’internet permettrait donc aux femmes et filles de de surmonter leur handicap dans ce combat pour briser les barrières qui les empêchent de vivre dans l’égalité et libre de la violence fondée sur le genre.

Tout en appelant les participantes à maîtriser l’internet, la Présidente de HSF a indiqué « le 25 novembre marque aussi la date du démarrage des 16 jours d’activismes pour la défense des droits des femmes victime des violences ; un moment important de publication des articles sur des initiatives prises par les femmes de par le monde pour dénoncer, échanger, trouver des astuces pour l’élimination des violences faites aux femmes ».

Sur le suivi de cette formation, la Présidente de HSF explique : « cinq groupes de quatre participantes doivent chacun préparer leurs articles pour participer aux 16 jours d’activisme ». Ainsi, les apprenantes bénéficieront d’un accompagnement technique et des sessions de révision sur internet avec HSF.

Le besoin de porter cette initiative à grande échelle.

Cependant, des actions de sensibilisation sur les droits des personnes handicapées devraient être effectuées dans les quartiers et communautés pour réduire les actes de violence à leur égard. Il s’avère aussi indispensable de renforcer les activités de formation des femmes et filles handicapées aux technologies de l’information et de la communication (TIC).

Cette formation est soutenue par le Fonds « Réapproprie-toi la technologie » du Programme d’Appui aux Réseaux de Femmes de l’Association pour le Progrès des communications (PARF APC) (www.apcwomen.org); et a reçu l’appui logistique de l’Ecole Africaine de Développement (E.A.D).

Sylvie Niombo





mercredi, décembre 01, 2010

Des filles harcelées à l’école cherchent de l’aide par SMS

Un récent rapport de recherche indique qu’au moins 44% (source IPS) des étudiantes à l’université nationale (Marien Ngouabi) au Congo sont victimes de harcèlement sexuel. Le slogan « seule la cuisse libère » a été longtemps scandé dans les coulisses des écoles supérieures.

Les écoles secondaires ne sont pas épargnées, et les filles font face à ce fléau. A Brazzaville et à Pointe-Noire, les élèves du Lycée Savorgnon de Brazza, Lycée technique de l’OCH et collège de Mpaka utilisent désormais leurs téléphones pour apprendre davantage sur les lois de protection de l'enfance, dialoguer ou chercher de l’aide contre le harcèlement sexuel perpétré par des enseignants.

Les associations utilisent également les SMS pour plaider, passer le mot et plaider, tel que ce message diffusé par le Club Jeunesse Infrastructure et Développement (CJID) à 95 autorités locales à Kinkala « il est temps de condamner la violence faite aux femmes, l’abus sur les femmes, et sa chosification ».


Nouvelle forme de terrorisme psychologique ?

Quand on parle de harcèlement sexuel en milieu scolaire, il y a l’allusion à l’abus de pouvoir et d’autorité des enseignants sur les élèves filles. Beaucoup d’entre elles font face à la pression, sont menacées et sont isolées. Les victimes n’en parlent presque jamais, sinon quand les cas sont déjà passés. Elles pensent ne pas avoir le choix, et soit elles cèdent aux menaces; redoublent, soit elles quittent le banc de l’école. Le phénomène nécessite d'être étudié et des statistiques sont à collecter également au niveau du secondaire.

Témoigner et chercher de l’aide par SMS.

En l’absence des centres d’écoute des survivantes de violence, les élèves témoignent par des messages SMS. « Je redouble la classe. A la maison, mes parents me disaient si je redouble j’aurai à faire à eux. Je savais plus quoi faire, j’étais obligée de coucher avec mon prof, il me l’a fait par l’anus », Dorsia.

« Je me nomme Magalie, je suis l’une des victimes de violence, j’étais en seconde au Lycée. J’avais 15 ans mon prof de droit me menace étant petite, connaissant rien de la vie, j’avais pleuré. Il me menace », Magalie.

Les associations qui reçoivent ces SMS contactent les auteurs individuellement, les écoutent et les soutiennent.

Les harceleurs font pression, les filles se culpabilisent.

C’est ce qui se lit des messages SMS envoyés par des élèves au Comptoir Juridique Junior et l’Association Dynamique Plurielle. « Je ne dois pas lier trop d’amitié avec un homme pour éviter le viol », Verda.

Sagesse renchérit : « je ne dois pas exposer mon corps dans un milieu scolaire afin de ne pas subir une violence sexuelle ». Laure appuie « je mettrai une tenue normale pour éviter d’attirer l’attention des profs afin de ne pas subir des violences à l’école ».

La révolte. Elles ne se laisseront pas faire.

Après avoir subi des menaces, des remarques désobligeantes, des contacts corporels non souhaités, des abus sexuels ou des relations sexuelles sur la contrainte, les élèves filles qui ont assisté aux sessions de sensibilisation dans les écoles, parviennent à « la révolte ».

Les SMS fusent de plus en plus depuis ; « je promets que je ne me laisserai pas emporter par un professeur. Je ne serai pas victime d’une violence sexuelle» écrit Paty. D’autres, notamment Miamissa, Desta, Estelle et Nardèche appuient cela : « je ne baisserai pas les bras sur la violence faite aux filles par téléphone à l’école » ; « je lutte les violences faite aux femmes car le sexe de la femme n’est pas un beignet » ; « je ne me laissera pas faire par le harcèlement sexuel en milieu scolaire » ;
« dis-moi ce que tu ne dois pas faire au téléphone ! Je ne dois pas me laisser faire par les prof » ; « luttons contre les violences faites aux filles à l’école. Et je ne me laisserai pas faire ».

Interdire les relations entre élèves et enseignants

A la question de savoir si les enseignants ne peuvent pas tomber amoureux de leurs élèves ? Elles sont catégoriques. Jina, Victoire et Jessy écrivent : « nous devons interdire aux filles d’avoir des relations trop étroites avec les profs » ; « le prof est une personne grande, âgée, vielle, ou mariée » et « on doit pas avoir certaines relations avec les professeurs comme une relation amoureuse par ce que le prof n’est pas ton ami. Une relation avec le surveillant.»

Ce que la loi Portella n°60/18 de 1960 interdit déjà, les enseignants ne pouvant avoir des relations sexuelles avec leurs élèves.

C’est une nouvelle expérience pour les associations et les jeunes filles qui veulent exploiter le potentiel des téléphones mobiles pour lutter contre le harcèlement sexuel à l’école.

Sylvie Niombo

dimanche, octobre 31, 2010

Des congolaises s’expriment sur le harcèlement sexuel sur internet

Des associations qui montent au créneau et dénoncent le harcèlement sexuel dont sont victimes les élèves. Des réfugiées de la République Démocratique du Congo qui font un sit-in devant le Haut Commissariat pour les Réfugiés (HCR) à Brazzaville dénonçant le harcèlement sexuel dont elles seraient victimes par le personnel de cet organisme des Nations Unies. « Nous sommes habituées à voir à la télévision des informations sur des filles violées » rapporte l’homme de la rue ; cependant parle t-on du harcèlement sexuel dans les média, si ce n’est des reportages sur des rapports publiés ?

Les média aujourd’hui ne se limitent plus à la presse écrite, la télévision et la radio ; l’internet est arrivé avec une cohorte d’outils interactifs. Des femmes journalistes aux militantes des droits des femmes s’emparent de la toile pour dénoncer le harcèlement sexuel en milieu professionnel. Ce billet fait une revue des différents points de vue publiés sur internet par des femmes congolaises sur le sujet.

Avant tout, pourquoi bloguer?

Le phénomène de blogage chez les femmes journalistes et les militantes des droits des femmes au Congo est récent et remonte à deux ou trois ans. Elles utilisent Facebook ou d’autres réseaux sociaux, et sont aussi attirées par le facteur « gratuité » d’hébergement qu’offre ces espaces. Des débutantes à la rédaction aux plumes engagées, les blogeuses congolaises sont soit autodidactes soient formées par des organisations de la société civile.

Arlette Bakou, Chargée de la coopération multilatérale au Ministère de la promotion de la femme et de l’intégration de la femme au développement qui maintient un blogue depuis 2009, nous révèle « cette idée m'est venue du fait que j'écris parfois des articles dans les journaux de la place et j'ai pensé qu'avoir mon blogue serait une expérience exaltante. Les sujets que j'aborde sont variés, je parle autant des problèmes des femmes, de l'urbanisme, de l'environnement et des faits de société ».

Elle poursuit « bloguer est aussi une forme de communication, je sais qu'il y a des gens qui ne suivent ni la télévision, ni la radio mais sont actifs sur le net. C'est cette catégorie que je cible, je pense aux jeunes qui ont besoin d'appréhender la vie sous d'autres facettes. Bloguer est aussi un moyen de participer au phénomène de la mondialisation d'autant plus que je reçois les courriers venant du Canada et d'autres extrémités de la terre juste par un clic ».

Que disent-elles du harcèlement sexuel sur le lieu de travail au Congo ?

De nombreuses militantes des droits des femmes ont reconnu le problème. Le harcèlement sexuel sur le lieu du travail existe. Dans un interview publié par le magazine Nzele , Micheline Ngoulou, présidente de l’Association congolaise de lutte contre les violences à l’égard des femmes (ACOLVF) explique que le harcèlement sexuel « peut être défini comme une conduite qui se manifeste par des gestes, des actes, des paroles de nature sexuelle répétée et non désirés par la personne qui en subite [...]. En d’autres termes, le harcèlement sexuel, c’est tout comportement qui consiste à rechercher les faveurs sexuelles à une personne en échange d’un service, d’un emploi ou d’un quelconque avantage ».

Pour Arlette Bakou relate sur son blogue : « le harcèlement sexuel se définit comme un acte violent lié à une agression sexuelle. Autrement dit, pour les jeunes filles, les autres formes de harcèlement associé au comportement, attouchements, propos indécents, sont considérés comme des formes bénignes de harcèlement ».

Micheline Ngoulou, Présidente, ajoute sur un billet de blogue « l'envoi des lettres à caractères sexuelles, des photos pornographiques qu'une personne envoie à une autre personne sans son consentement pour la contraindre à changer de comportement et adopter un comportement sexuel favorable pour l'agresseur. C'est une forme de pression, de violence que l'on exerce sur la victime ».

De quoi se plaint-on au juste ?

Quand on recherche les rapports sur le harcèlement sexuel, il y a davantage des articles ou des rapports de recherche sur le phénomène en milieu scolaire. Cependant, des témoignages de survivantes, découlant souvent des ateliers existent.

Les faits peuvent plus criards que l’on ne le pense et avoir une conséquence sur la vie professionnelle de la jeune femme ou la femme. En effet, Manhore De Bessi, Journaliste dans une chaîne de télévision privée, s’insurge à travers sur son blogue « cela remonte de plusieurs années que les femmes journalistes sont victimes de violences dans certains organes de presse de la ville de Pointe - noire. [...] Les hommes s’accaparent des sujets de rédaction du genre politique et économie [qui sont censés bien payer].

Une autre journaliste affirme que « chez nous au Congo plus particulièrement à Pointe- Noire, celles qui évoluent dans les chaînes de médias privées comme étatiques se plaignent du fait que le harcèlement sexuel est monnaie courante » peut-on lire sur le blogue de Victoire Bakanette .

Elle poursuit « lorsqu’un chef te fait la cour, en cas de refus de ta part, le boulot est menacé. Il te sort du tableau de programmation pour la présentation des journaux. Il donne des instructions fermes au coordonnateur qui le seconde de ne plus t’envoyer en reportage .En matière de radio et de télévision si vous ne pouvez pas présenter les journaux ni aller en reportage cela veut dire que vous ne servez à rien ».


Les conséquences sont graves pour les travailleuses. Comme le reconnaît, Micheline Ngoulou sur son blogue « le harcèlement sexuel sur le lieu du travail, pollue le milieu du travail qui nous le savons devrait être un milieu sain ; car le travailleur y passe beaucoup plus de son temps et ce qui fait que le milieu de travail devient malsain ».

Ce qui signifie en d’autres termes que « le harcèlement sexuel conduit aussi l'agresseur à mettre la victime au placard ; c'est à dire au garage. , le chef ne l'envoie plus, ne l'appelle plus, plus de mission plus d'avantages dans le cas la personne refuse de céder au chantage et aux faveurs sexuelles ».

A cela, il faut ajouter l’abus de l’usage des technologies de l’information et de la communication (TIC), en particulier le téléphone mobile qui est utilisé dans beaucoup de cas de harcèlements sexuels, la surveillance et le contrôle, comme le cite un rapport sur le sujet : « en 2007, les stations de télévision au Congo ont fourni des renseignements sur une femme qui a succombé à une battue de son mari suspectée d’avoir reçu un appel téléphonique dans la nuit. Elle a été accusée d'infidélité par son mari, qui a justifié ainsi son acte.

En outre, les rapports de force entre hommes et femmes se reflètent également dans les ressources nécessaires pour acheter des crédits de téléphones et cela détermine qui a le contrôle de cet outil TIC […] Certaines femmes se voient changer leurs cartes SIM plusieurs fois par an par leurs partenaires, qui souhaitent réduire le nombre d'appels suspects » publié pour le compte de l’Association pour le progrès des communications.

Qu’arrive t-il ensuite aux survivantes de harcèlement sexuel en milieu professionnel ?

Une journaliste, Antoinette Nzoumba citée par Mahonore De Bessi, reconnaît « j’ai été obligée démissionner car, je ne voyais plus mon rôle dans cette rédaction où j’arrivais du matin au soir sans faire quelque chose … ». Une autre citée dans le même billet de blogue reprend le même refrain « J’ai préféré abandonner le micro .J’ai changé de service, maintenant que je parle, je suis au service montage sans le vouloir…beuh !! C’est ça la vie ». La résignation, sans même agir, tenter de faire quelque chose peuvent constater désolément les lectrices.

Pour Arlette Bakou « la victime type du harcèlement est décrite comme une personne de caractère faible, fragile et timorée ». Elle ajoute en ce qui concerne le harcèlement sexuel à l’école que « les causes du harcèlement sont souvent attribuées au mode vestimentaire des filles. C’est ce style d’argument qui amène certains garçons à considérer le harcèlement que subissent les filles comme le juste châtiment ». Malheureusement, même en ce qui concerne le milieu professionnel, la femme est aussi pointée du doigt comme la première responsable. On recherche les causes sur le vestimentaire.


Au niveau des recours judiciaires, il est aussi difficile car le harcèlement sexuel n’est pas explicitement déclare comme tel dans les textes.

Comme on peut le lire dans un article de Maître E. Fatima Banzani-Mollet, Avocate à la Cour d’Appel de Brazzaville, publié par l’Association Mibeko sur son site internet : « malgré le fait que la question des violences à l'égard des femmes fasse l'objet d'un programme d'action spécifique du Ministère de la promotion de la femme et de l'intégration de la femme au développement, force est de constater que l'état de la législation nationale en vue de la répression du harcèlement sexuel n'a guère évolué. En effet, jusqu'à ce jour on reste toujours dans l'attente d'une législation sanctionnant le harcèlement sexuel ».

Cependant, est-ce une raison pour se résigner et croiser les bras?

Pour Victoire Bakanette, il faudrait créer des groupes de soutien aux filles et femmes survivantes de violence. Elle explique son idée « Elie vient d'intégrer un club des femmes journalistes pour lutter contre ces violences faites à leur l'égard sous plusieurs formes. Le club des femmes journalistes a pour objectif de sensibiliser, d'éduquer les femmes à prendre leur engagement en ayant la maîtrise de leurs droits ».

Mahnore De Bessi, déjà chevronnée dans le blogage, appelle par ailleurs ses collègues à « utiliser leur profession comme outil pour lutter contre ces violences mais aussi se rapproprier les technologies de l'information et de la communication (TIC) comme arme essentielle et efficace de lutter contre les violences ».

Elle insiste que « la femme journaliste est une femme comme toute autre, mais seulement, elle possède un moyen sûr pour dénoncer tout ce que la femme subit en milieu professionnel et pourquoi pas d’autres milieux ». Elle propose de «créer des émissions pour faire connaître aux femmes leurs droits d’abord, ensuite les différentes formes de violences qui existent et ce qu’il faut faire en cas de violence serait le cheval de bataille des femmes de micro ».

Cependant, malgré ces bonnes initiatives, des points de réflexion demeurent, comme se questionne Micheline Ngoulou « et pourtant les femmes étudient de la même manière, dans les mêmes conditions que les hommes, elles reçoivent le même enseignement ; elles ont les mêmes diplômes que les hommes et sont parfois plus intelligentes et que les hommes alors pourquoi le harcèlement sexuel ? […]
Réfléchissons à cela et contribuons par le plaidoyer et la sensibilisation afin que ça soit nommé et qualifié dans les législations nationales en Afrique car beaucoup de femmes en subissent ».

Sylvie Niombo