jeudi, mars 19, 2015

«AZUR Développement doit regarder dans quelle mesure nous pouvons pérenniser ces acquis»

Coordonnatrice de projet «Campagne de sensibilisation sur la loi sur la protection de l’enfance et les droits des femmes et enfants victimes d’abus, de violence sexuelle et domestique » à Dolisie, dans le département du Niari du 1er janvier au 25 février 2015, Nina Mboyo a accepté de nous accorder une interview sur le déroulement dudit projet.
Quelle est votre implication dans le projet ?

Je suis impliquée dans le projet de façon systématique. Lors des sensibilisations, j’interviens dans la présentation des objectifs de notre appui avec les partenaires, la présentation des thèmes, et j’insiste sur les points saillants de sorte que les participants posent des questions. Au cours des descentes, je supervise et je sensibilise en même temps.

Comment identifiez- vous les victimes de violence ?
Au cours des sensibilisations et les descentes, nous identifions certains cas qui s’annoncent après avoir reçu le message. D’autres par contre nous appellent  après la sensibilisation, car nous laissons les contacts et les coordonnées de l’Association AZUR Développement et des partenaires.

Pouvez-vous décrire le moment de travail?
Nous recevons des appels des victimes ou de leurs parents via nos partenaires (chefs de quartiers, la police, la gendarmerie) ; parfois nous allons chez les victimes ou encore ces dernières viennent au siège de l’Association AZUR Développement pour l’écoute. Cette écoute est individuelle sauf si l’enfant est incapable de s’exprimer. Suite à cela, nous faisons un briefing du projet avant de demander l’avis à la victime et parents ce qu’ils attendent de nous. Certains  cas nécessitent l’appui juridique. D’autres sont soumis au psychologue. Entre temps, AZUR Développement continue à faire le suivi par téléphone.

Combien de cas  recevez- vous par jour ? Quel est leur âge ? Les auteurs et leurs affinités.
Le nombre dépend des jours. Il arrive parfois qu’on reçoive quatre  personnes par jour. Concernant les violences sexuelles, ce sont des enfants violées, soit par des membres de la famille, soit par des parents proches ou encore par des cousins. L’âge des victimes varie entre 8 et 14 ans. Pour les attouchements, l’âge va de 5 à 18 ans et pour la maltraitance, l’âge varie de 10 à 19 ans.

Combien de cas avez-vous déjà résolus et quels sont les résultats ?
15 cas dont leurs âges varient entre 8 et 14 ans ont été identifiés et déjà écoutés au siège de l’association AZUR Développement. Cinq(5) cas ont été déjà transmis chez le juriste. Un autre cas a été orienté chez le psychologue pour un appui psychologique et enfin, un dernier cas à la gendarmerie. Par contre certaines victimes refusent de pouvoir dénoncer leurs auteurs. D’autres sont injoignables. Si l’auteur est un membre de la famille, les victimes préfèrent régler à l’amiable. Raison: éviter les cas de sorcellerie.

Après la formation organisée par AZUR Développement, cela a-t-il changé votre façon de voir les choses ?
Ce projet nous a permis de mieux connaître les quartiers, les postes de la police et de la gendarmerie, mais surtout de découvrir les réalités de la localité. Nous sommes  capables de mener une lutte à l’égard de violence des femmes et des enfants. Actuellement, AZUR Développement à une visibilité à Dolisie ; les appels et les témoignages résonnent. D’ailleurs, les parties prenantes et les bénéficiaires souhaitent que nous puissions continuer la sensibilisation mais surtout dans les quartiers où les activités n’ont pas eu lieu.

Etes-vous satisfaite de ce travail ?
Je suis très satisfaite car je vis les réalités de la violence dans les localités dans lesquelles le projet s’est déroulé. Cependant le projet touche à sa fin et j’imagine combien de fois nous serons dérangés par les appels téléphoniques.

Quels sont les partenaires du projet et les relations que vous entretenez ?
Nous avons travaillé avec AVLUS et l’Association des épouses des militaires. Nous avons aussi travaillé avec la gendarmerie, la police, le Ministère de la Promotion de la femme, les chefs et présidents des quartiers, les directeurs et surveillants des écoles, la psychologue. Ces partenaires ont été une protection car ils ont en même temps été un « laissez-passer » pour nous et les prestataires dans la mobilisation et dans l’identification des victimes.

Comment comptez-vous pérenniser ces acquis ?
Lorsque d’autres victimes vont être identifiées, nous allons continuer à faire l’écoute, les conseiller et si possible les orienter dans la démarche judiciaire. Nous allons continuer le suivi pour les cas déjà identifiés et on gardera le contact avec nos partenaires.

Quelles sont les difficultés rencontrées ?
La mobilisation dans les quartiers et les pluies qui ont causé les reports des activités sont des problèmes rencontrés dans la mise en œuvre du projet. Beaucoup de cas identifiés sont jusqu’à ce jour injoignables car ils ont peur de dénoncer leurs auteurs.


Quelles sont vos suggestions ?       
AZUR Développement doit regarder dans quelle mesure nous pouvons pérenniser ces acquis à long terme, car le changement de comportement ne se produit pas dans un laps de temps. L’implication des hommes est aussi nécessaire car ce sont des auteurs et avoir aussi leur point de vue. Il faut souligner que la soif n’est pas étanchée dans la mesure où les gens ont pris goût. Je remercie AZUR Développement et le Pareda pour la formation. J’ai appris à informer, sensibiliser et accompagner les victimes de violence.

Propos recueillis par Blandine Dieudonnée Louzolo




Aucun commentaire: