Sur 15 jeunes filles victimes des violences domestiques,
psychologiques, morales… à Nkayi, engagées à apprendre la coiffure en six mois,
11 maîtrisent le boulot à un mois de leur sortie. Incroyable, mais c’est vrai.
Au siège d’AZUR Développement, à Soulouka 2, un
quartier de Nkayi, 11 jeunes filles apprenantes en coiffure sont en plein travaille.
Assistées par leur formateur, cinq parmi elles apprennent à coiffer sur les
têtes de leurs camarades dans un hangar de l’association. «Nous apprenons les coiffures sur les têtes des nos amies simplement pour
apprendre, car s’il faut attendre les clients, on va traîner pour maîtriser la
coiffure », a fait savoir Dorella, une victime de maltraitance en
coiffure, 23 ans révolus.
La plupart des apprenantes en coiffure à Nkayi ont
subit des violences domestiques, psychologiques, morales… Lydie Nzouzi kizimou,
mère d’un enfant, une habitante du quartier aquarium (CQ10) et apprenante en
coiffure témoigne : « mon mari
m’avait abandonné avec une grossesse de
trois mois 3 mois. Je m’étais débrouillée seule à entretenir ma grossesse
jusqu’à l’accouchement. Après ce choc psychologique, j’ai décidé aujourd’hui
d’apprendre la coiffure pour qu’un jour ça m’aide à prendre en charge mon fils.
En cinq mois d’apprentissage, je fais les coiffes du genre le chignon, le lock,
le tissage.»
Pour André Migoua, formateur en coiffure, ne
cachant pas sa langue dans la poche, estime que d’ici le 28 novembre 2014, nous
aurons des soutenances. Elles vont avoir leur diplôme ou leur certificat de fin
de formation leur permettant d’ouvrir leur propre atelier pour qu’elles
s’exercent pour leur propre compte. C’est vrai qu’Il est difficile d’apprendre un
métier en six mois, mais je fais des cours théoriques et pratiques. Si
l’apprenante à la volonté, elle connaîtra le travail en six mois et elle sera capable
d’exercer pour son propre compte. «Il y a
une différence parce qu’elles sont capables de faire toutes les coiffes. Toutes
les coiffures que vous avez vues sont faites par elles-mêmes. Elles font les
coupes chinoises, carrées, les tissages rasés et bombés. Ça prouve qu’elles
maîtrisent déjà le métier, car ce sont ces coiffures qui sont à la mode dans
des ateliers », confie ce formateur de 25 ans de carrière en coiffure.
Le rêve des apprenantes
A en croire, chaque apprenante envisage à la fin de
la formation d’avoir son atelier de coiffure, soit se constituer en groupe de
deux ou de trois personnes pour créer un
atelier de coiffure. D’après une apprenante en coiffure, Dorella soufflant 23 bougies,
son rêve c’est de faire son salon afin de devenir une grande femme parmi les
femmes à Nkayi. Ce métier va sans douter changer ma vie. Je me bats à terminer
ma formation pour que je sois aussi une femme respectable. Une autre apprenante
la trentaine révolue, pense qu’au terme de la formation elle va avoir son
propre atelier ou voir avec les autres comment travailler ensemble.
A un mois de la fin de leur formation, l’on ne peut
plus remettre en cause leur talent. Leurs copines s’étonnent de la qualité de
leur travail. C’est le cas par exemple de Dorella qui coiffe gratuitement ses copines
à la maison dont la qualité du travail est appréciable. « En si peu de temps d’apprentissage, tu fais
déjà des jolies coiffes de ce genre », s’est interrogée Mireille, sa
copine du quartier Mwana nto.
« Redonner l’espoir aux filles par le métier »
Le Diplomate français visite les apprenantes en coiffure à Nkayi |
Victimes pour la plupart des violences domestiques,
psychologiques, morales… elles paient 5.000 F cfa mensuellement à chacune
contrairement ailleurs. Seulement, leur travail ne cesse de susciter de l’admiration chez certaines filles, femmes,
voire des garçons. Pour Jules Mabiala, c’est une bonne chose de former des
jeunes filles aux métiers pour leur redonner le goût de la vie, mais aussi pour
qu’elles deviennent autonomes.
Quant au formateur André Migoua, ça lui donne la joie quand quelqu’un apprend
un métier parce que ça diminue la délinquance, la prostitution, de quémander de
l’argent aux hommes. Et quand la femme ne fait rien, elle peut apprendre un
métier pour être indépendante dans sa vie. Actuellement, elles sont au nombre
de 11 qui vont soutenir le 28 novembre 2014 sur les 15 inscrites au départ.
A titre de rappel, cette formation s’inscrit
dans le cadre du projet :
« Accès aux soins, à la justice et à l’appui économique des femmes et
enfants victimes de violence domestique et sexuelle », mis en œuvre par
AZUR Développement à Nkayi et à Pointe-Noire avec l’appui financier de
l’Ambassade de France.
Jean Thibaut Ngoyi
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