Coordonnatrice
de projet «Campagne de sensibilisation sur la loi sur la protection de
l’enfance et les droits des femmes et enfants victimes d’abus, de violence sexuelle
et domestique » à Dolisie, dans le département du Niari du 1er
janvier au 25 février 2015, Nina Mboyo a accepté de nous accorder une interview
sur le déroulement dudit projet.
Quelle
est votre implication dans le projet ?
Je suis impliquée dans le projet de
façon systématique. Lors des sensibilisations, j’interviens dans la
présentation des objectifs de notre appui avec les partenaires, la présentation
des thèmes, et j’insiste sur les points saillants de sorte que les participants
posent des questions. Au cours des descentes, je supervise et je sensibilise en
même temps.
Comment
identifiez- vous les victimes de violence ?
Au cours des sensibilisations et les
descentes, nous identifions certains cas qui s’annoncent après avoir reçu le
message. D’autres par contre nous appellent
après la sensibilisation, car nous laissons les contacts et les
coordonnées de l’Association AZUR Développement et des partenaires.
Pouvez-vous
décrire le moment de travail?
Nous recevons des appels des victimes
ou de leurs parents via nos partenaires (chefs de quartiers, la police, la
gendarmerie) ; parfois nous allons chez les victimes ou encore ces
dernières viennent au siège de l’Association AZUR Développement pour l’écoute.
Cette écoute est individuelle sauf si l’enfant est incapable de s’exprimer. Suite
à cela, nous faisons un briefing du projet avant de demander l’avis à la
victime et parents ce qu’ils attendent de nous. Certains cas nécessitent l’appui juridique. D’autres
sont soumis au psychologue. Entre temps, AZUR Développement continue à faire le
suivi par téléphone.
Combien
de cas recevez- vous par jour ? Quel
est leur âge ? Les auteurs et leurs affinités.
Le nombre dépend des jours. Il
arrive parfois qu’on reçoive quatre personnes par jour. Concernant les violences
sexuelles, ce sont des enfants violées, soit par des membres de la famille, soit
par des parents proches ou encore par des cousins. L’âge des victimes varie entre
8 et 14 ans. Pour les attouchements, l’âge va de 5 à 18 ans et pour la
maltraitance, l’âge varie de 10 à 19 ans.
Combien
de cas avez-vous déjà résolus et quels sont les résultats ?
15 cas dont leurs âges varient entre
8 et 14 ans ont été identifiés et déjà écoutés au siège de l’association AZUR
Développement. Cinq(5) cas ont été déjà transmis chez le juriste. Un autre cas
a été orienté chez le psychologue pour un appui psychologique et enfin, un
dernier cas à la gendarmerie. Par contre certaines victimes refusent de pouvoir
dénoncer leurs auteurs. D’autres sont injoignables. Si l’auteur est un membre
de la famille, les victimes préfèrent régler à l’amiable. Raison: éviter les
cas de sorcellerie.
Après
la formation organisée par AZUR Développement, cela a-t-il changé votre façon
de voir les choses ?
Ce projet nous a permis de mieux
connaître les quartiers, les postes de la police et de la gendarmerie, mais
surtout de découvrir les réalités de la localité. Nous sommes capables de mener une lutte à l’égard de
violence des femmes et des enfants. Actuellement, AZUR Développement à une
visibilité à Dolisie ; les appels et les témoignages résonnent. D’ailleurs,
les parties prenantes et les bénéficiaires souhaitent que nous puissions
continuer la sensibilisation mais surtout dans les quartiers où les activités
n’ont pas eu lieu.
Etes-vous
satisfaite de ce travail ?
Je suis très satisfaite car je vis
les réalités de la violence dans les localités dans lesquelles le projet s’est
déroulé. Cependant le projet touche à sa fin et j’imagine combien de fois nous
serons dérangés par les appels téléphoniques.
Quels
sont les partenaires du projet et les relations que vous entretenez ?
Nous avons travaillé avec AVLUS et
l’Association des épouses des militaires. Nous avons aussi travaillé avec la
gendarmerie, la police, le Ministère de la Promotion de la femme, les chefs et
présidents des quartiers, les directeurs et surveillants des écoles, la
psychologue. Ces partenaires ont été une protection car ils ont en même
temps été un « laissez-passer » pour nous et les prestataires dans la
mobilisation et dans l’identification des victimes.
Comment
comptez-vous pérenniser ces acquis ?
Lorsque d’autres victimes vont être identifiées,
nous allons continuer à faire l’écoute, les conseiller et si possible les
orienter dans la démarche judiciaire. Nous allons continuer le suivi pour les
cas déjà identifiés et on gardera le contact avec nos partenaires.
Quelles
sont les difficultés rencontrées ?
La mobilisation dans les quartiers
et les pluies qui ont causé les reports des activités sont des problèmes rencontrés
dans la mise en œuvre du projet. Beaucoup de cas identifiés sont jusqu’à ce
jour injoignables car ils ont peur de dénoncer leurs auteurs.
Quelles sont vos suggestions ?
AZUR
Développement doit regarder dans quelle mesure nous pouvons pérenniser ces
acquis à long terme, car le changement de comportement ne se produit pas dans
un laps de temps. L’implication des hommes est aussi nécessaire car ce sont des
auteurs et avoir aussi leur point de vue. Il faut souligner que la soif n’est
pas étanchée dans la mesure où les gens ont pris goût. Je remercie AZUR
Développement et le Pareda pour la formation. J’ai appris à informer,
sensibiliser et accompagner les victimes de violence.
Propos recueillis par Blandine
Dieudonnée Louzolo
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