Octobre 2015. A Madingou et Nkayi, des
organisations de la société civile se montrent actives dans la lutte contre le
VIH/Sida. L’initiative d’une synergie entre OSC et personnel de santé est un
signal fort dans la prévention de la transmission mère-enfant du VIH (PTME). Des
résultats encourageants.
Une salle
d’environ 3,5m de long sur 2m de large, équipée d’un lit de 0,90cm et d’un
tabouret à l’hôpital de base de Nkayi, c’est là où Mme Rose, prestataire et membre
de l’Association femme pour le développement de la Bouenza (AFDB), reçoit les personnes
vivant avec le Vih/Sida (PVVIH) pour le conselling. Elle explique : « Je reçois des femmes enceintes
séropositives et d’autres cas pour le conselling. Je leur donne des
conseils sur comment vivre avec la maladie, quel régime alimentaire faut-il,
comment se comporter envers les autres, la prise du traitement », avant
de poursuivre : « Quand je
termine mon conselling avec une séropositive, je l’envoi chez la sage femme Missamou
pour l’appui psychologique et conseils lors de l’accouchement. Après cette
étape, la sage femme l’oriente à son tour chez le médecin pédiatre pour le
suivi du fœtus et de la maman ».
Cette chaîne montre comment se fait la prise en
charge des PVVIH à Nkayi, à Madingou, dans la Bouenza où le taux de la
séroprévalence est de 3,9%. Une démarche qui a montré ses fruits et on peut
parler du succès de la PTME dans ce département. Selon la communautaire Rose, depuis
mars 2015, elle suit environ quinze femmes enceintes séropositives dont six ont
accouché, deux ont fait des fausses couches et une est décédée. Deux enfants
ont aujourd’hui atteint 3 mois et deux jumelles qui ont 2 semaines. Tous ces
enfants ont été mis sous traitement préventif de sirop et le mode d’allaitement
est le lait maternel. D’après un médecin pédiatre, une expérience a montré que
des enfants nés des mères séropositives dont le mode d’allaitement est le lait
maternel, montre qu’à 18 mois, les tests de ses enfants ont été révélés négatifs
et donc, c’est mieux de conseiller aux femmes enceintes séropositives après
l’accouchement d’allaiter leurs enfants par le lait maternel tout en suivant leur
traitement.
Alida Badila, membre d’AZUR Développement à Nkayi, pense
qu’on peut parler du succès de la PTME dans la Bouenza parce que des séropositives
continuent à venir prendre leurs médicaments pour protéger leur enfant. Parmi
ces naissances, les bébés les plus âgés aujourd’hui ont 3 mois et d’autres ont
des jours ou des semaines. Leurs mères sont sous antirétroviraux (ARV) pour sécuriser
leurs bébés. Elle s’en félicite : « Nous avons aujourd’hui dans la Bouenza
des enfants nés des mères séropositives qui ont 3 à 4 ans dont le test a révélé
leur séronégativité à 18 mois. C’est une fierté pour des organisations de la
société civile travaillant dans la lutte contre le Vih/Sida et pour le
personnel de santé ».
Le rôle des associations
Depuis octobre 2015, le travail des associations ne
cesse de porter des fruits. En dehors de la femme enceinte qui se fait
dépister, il y a aussi des couples qui font leur dépistage. « Des hommes se font aussi dépistés. Courant
ce mois de juin, il y a par exemple deux couples qui sont venus faire leur
dépistage à l’hôpital de base de Nkayi. Les tests ont été avérés séropositifs »,
confie Mme Rose, une communautaire assurant des permanences hospitalières à l’hôpital
de base de Nkayi. Elle travaille aussi en synergie avec trois centres de santé
intégré (CSI), notamment le CSI ex-Suco, Mwana Nto et Armée du Salut.
Grâce aux différentes formations (le soutien psychologique et social, l’éducation
thérapeutique, les actes discriminatoires et attentatoires des droits des PVVIH
et leur répression, les devoirs des PVVIH contenues dans la loi, pourquoi
parler des droits des séropositifs?...), organisées par AZUR Développement dans le cadre du
projet « Appui à
la réponse communautaire dans l’élimination de la transmission du VIH de la
mère à l’enfant », financé par Positive Children Action Fund (PACF), que
Célestine Bayidikila, présidente de AFDB a renforcé ses compétences en matière
du VIH. Cette OSC visiblement sur le terrain, selon une séropositive sous le
sceau de l’anonymat, pense qu’arrêter de faire les permanences hospitalières
sera fatale pour nous, car l’Association femme pour le développement de la
Bouenza nous aide beaucoup. Comme dans d’autres départements, les ruptures des réactifs,
ARV et les perdus de vu sont les difficultés qui sapent parfois la volonté des
associations dans cette lutte. Face à cette sempiternelle difficulté, selon
Alida Badila, les gens ont trouvé une parade pour s’approvisionner via un
réseau de Kinshasa.
Jean Thibaut Ngoyi
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