jeudi, octobre 20, 2016

« Aucune maman ne peut accepter accoucher un enfant malade »

A Brazzaville, hôpitaux et centres de centre d’intégré, sont les espaces où,  depuis septembre 2015, trois associations sensibilisent des femmes sur le VIH/Sida. Objectif : suivre les femmes enceintes séropositives.

«Quand j’ai été informée en mars 2016 de ma séropositivité au centre de santé intégré (CSI) d’Indzouli à Mfilou, j’ai eu des vertiges. A l’instant, j’ai pensé beaucoup de choses dans ma tête. Abattue, j’ai rencontré Mme Clarisse, une communautaire qui m’a prodigué des conseils sur comment vivre avec le Vih malheureusement, ma conscience était encore troublée », a témoigné Nathalie, une séropositive enceinte, 32 ans et mère de 2 enfants. Pour la redonner l’espoir, Clarisse, membre de l’Association femme solidaire (AFS), assurant les permanences hospitalières au CSI d’Indzouli l’a accompagné au Centre de traitement ambulatoire (CTA) pour qu’elle fasse à nouveau son test. Résultat : le test s’est avéré positif. Mais quand Nathalie a vu d’autres femmes enceintes au CTA, elle a compris qu’elle n’était pas seule dans cette situation.  

Comme Nathalie, Léa, elle a failli se donner la mort suite à l’annonce de sa séropositivité. S’il y a certaines femmes enceintes dépistées séropositives qui perdent le moral, d’autres par contre, tentent de surmonter la douleur préférant de protéger leur bébé. Selon Viviane, une séropositive allaitante, 38 ans bien calés, mère de 6 enfants, elle avance qu’en décembre 2015, elle a connu beaucoup de va-et-vient quand elle partait à l’hôpital pour les consultations prénatales. « J’étais fatiguée par des va-et-vient et un jour, j’ai rencontré la communautaire Clarisse pour lui expliquer ses jeux. Au cours de cet entretien, Viviane a fini par découvrir qu’elle était infectée, mais n’a pas tremblée… »

S’inscrivant dans le cadre du projet « Appui à la réponse communautaire dans l’élimination de la transmission du VIH de la mère à l’enfant », financé par Positive Children Action Fund (PACF), il faut dire que  des Ong font un travail remarquable dans le suivi des femmes enceintes porteurs du virus quand on sait que le taux de séroprévalence à Brazzaville est de 2,4%. C’est le cas de Flore Ndamba, membre du Club jeunesse infrastructures et développement (CJID), assurant des permanences hospitalières au CSI de Makélékélé. Elle fait le conselling des femmes enceintes séropositive et bien d’autres personnes vivant avec le Vih/Sida. Elle raconte : « J’accueille des femmes enceintes séropositives ici à Makélékélé et d’autres cas de personnes infectées du Sida. Pendant nos entretiens, je leur mets d’abord en confiance en parlant de mon propre cas comme une femme séropositive. Ensuite, je leur donne des conseils sur l’alimentation, leur expliquer le rôle des examens biologiques, la prise des médicaments, comment se comporter », avant de poursuivre : « De janvier à avril 2016, nous avons dépisté 2163 personnes au CSI  de Makélékélé. En avril dernier, dix femmes enceintes avaient fait leur dépistage. Résultats : dix  femmes enceintes dépistées séronégatives et d’octobre 2015 à mars 2016, 36 femmes enceintes dépistées séronégatives. Dans le même temps, elles ont éduqué 60 anciens cas des femmes allaitantes séropositives, 73 enfants, 2707 femmes simples et 831 hommes ».

Au CSI Indzouli, selon la communautaire Clarisse, depuis novembre 2015, elle suit quatre femmes enceintes séropositives dont trois  ont accouché des bébés de sexe féminin, tous ont reçu le vaccin BCG et leur mère sont sous ARV. Mais une n’a pas encore accouché. A la vérité, ces bébés nés des mères séropositives doivent atteindre 18 mois pour faire l’examen qui déterminera leur statut sérologique.

La  rupture des réactifs, un frein

Selon Mme Ntouala Née Jeanne Marie Nzola sage femme au CSI d’Indzouli, quand elle reçoit une femme enceinte qui vient pour la première fois à la consultation prénatale, la première chose à faire avant les examens cliniques, c’est de l’envoyer chez la communautaire pour le conselling et après, la communautaire me la retourne. Quant à Judicaëlle Nicole Locko, sage femme au CSI de Makélékélé, elle reçoit toutes les femmes enceintes aux consultations prénatales pour voir si leur grossesse évolue normalement afin de les envoyer faire d’autres examens. Elle les éduque à travers les activités d’information-éducation-communication (IEC) pour les encourager à se faire dépister à temps. Au cas où le test est avéré positif, elle leur montre comment préserver l’enfant. « Aucune maman ne peut accepter accoucher un enfant malade », lâche-t-elle.

Confrontées parfois aux ruptures des réactifs et ARV, ses braves dames travaillent en synergie avec des hôpitaux et des CSI pour redonner le sourire aux séropositifs. « C’est vraiment difficile quand nous manquons des réactifs parce que chaque femme enceinte qui arrive ici veut se faire dépister. Elles durent parfois 2 à 3 mois. Devant cette situation, nous envoyons les femmes enceintes ailleurs où elles peuvent se faire dépister. Etre porteur du Vih/Sida ne veut pas dire que c’est la fin du monde quand on sait qu’il y a des médicaments aujourd’hui », s’est plaint la sage femme Nicole.
Au CSI d’Indzouli à Mfilou, Clarisse affirme « Depuis novembre 2015, nous avons connu 4 fois de ruptures des réactifs ici. Tous les cas qu’on recevait, on les orientait au Centre de traitement ambulatoire (CTA)».

Jean Thibaut Ngoyi


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