A Nkayi, Elvie
Rosine Batessila est l’une des rares femmes qui fait de l’agriculture
reine. Elle a effectué récemment un premier voyage à bord d’un véhicule d’Acted
pour aller vendre sa marchandise à Brazzaville. Une nouvelle expérience pour
cette agricultrice.
«Avant cette
formation, je ne savais pas comment repartir ma recette après la vente. Cette
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Elvie Rosine |
formation m’a permis de revoir ma gestion en ce sens que j’arrive à
faire des bénéfices que je n’atteignais pas auparavant », explique
Rosine, membre du comité de gestion de commercialisation du district de Kayes
qui a convoyé la 1ere course à Pointe-Noire. Une expérience qu’elle
n’est pas prête d’oublier puisque cela « m’a permis de mettre en
pratique ce que j’ai appris lors de la formation », a témoigné cette
cultivatrice rêvant ouvrir un compte épargne.
A cheval entre Nkayi et
Dolisie, cette mère de trois enfants, soufflant 39 bougies, n’a désormais
qu’une idée en tête : celle d’émerger dans le domaine agricole. Son
illusion s’est manifestée lors de la formation sur la gestion simplifiée :
« Avant, quand je vendais ma marchandise, je mettais tout l’argent dans
un même sac. Ce qui fait que j’utilisais une grande partie pour les charges
ménagères et il arrivait que je touche au bénéfice… Et donc, je n’avais pas
d’économie », a fait savoir Rosine, désormais plus attentive lors de
la répartition de ses recettes de vente
Selon elle, aujourd’hui quand elle vend, elle se force à
mettre de côté des sous, une autre tranche pour l’activité prochaine si elle
doit acheter des semences, du matériel aratoire, payer la main d’œuvre par
exemple, une autre épargne personnelle. Enfin, la dernière tranche, l’a sert et
son mari dans la gestion du foyer. Visiblement satisfaite, Rosine
affirme : « Je m’en sors plutôt bien et c’est aussi cela
le but de ce projet, de voir nos activités agricoles émergées ».
‘’Cette formation m’a ouvert les
yeux’’
Même si ses attentes
n’ont pas été atteintes lors du premier convoi qu’elle a escorté, la
commerçante a tiré les leçons : « Quand on est arrivé à
Pointe-Noire, il y avait pléthore du foufou et on a été obligé de descendre les
prix. Ce qui fait que nous n’avons pas obtenu le bénéfice attendu ».
Un problème qui est en train d’être résolu comme en témoigné Elvie Rosine Batessila,
cette mère de trois enfants, « Nous recevons régulièrement les coûts de vente des produits
agricoles de (Pointe-Noire et Brazzaville) via nos téléphones. Donc, on a le temps
de choisir notre destination en fonction de la variation des prix. Si à
Brazzaville le sac de foufou est à 40.000 F CFA et qu’à Pointe-Noire il est à
30.000F CFA, je sais immédiatement où aller vendre ma marchandise», a expliqué
Rosine.
Autre avantage qu’elle
ne manque pas de souligner : « En plus de connaître régulièrement
les prix de vente des marchandises, Acted et AZUR Développement
mettent à la disposition du district de Kayes un véhicule permettant aux producteurs
agricoles de transporter leurs produits à moindre coût, y comprise la
manutention. Je paye 4.000 F CFA le sac de foufou dans le véhicule
d’Acted alors qu’il est fixé 5.500F CFA dans d’autres véhicules dont la
manutention était à la charge des agriculteurs», confie la jeune femme qui
n’a financièrement pas encore obtenu ce qu’elle désirait, mais confiante pour
l’avenir « Cette formation m’a ouvert les yeux et je ne
compte pas en rester là. De plus en plus, j’ai envie de me déployer, je pense
bien que d’ici peu, je vais aussi me lancer dans le maraîchage».
Soucieuse de transmettre
ce qu’elle a appris aux autres, Rosine envisage créer un groupement uniquement
constitué de femmes ou elle partagerait cette connaissance : «Plus on
apprend, plus on a envie de faire de grandes choses. Je n’ai pas eu
de chance de faire des longues études parce que je n’étais pas soutenue,
mais avec cette formation, je compte bien en faire bénéficier aux
femmes qui le désirent ».
Touche à tout, Rosine
est une « entrepreneuse » née
Débrouillarde, elle
possède un kiosque dans le village où elle travaille. Cette mère de trois
anfants y vend les beignets, des produits alimentaires pour faciliter la vie
des paysans en brousse. Aussi invite-t-elle les femmes à se mettre au travail.
« Même si tu as un mari, il faut faire quelque chose. Tout peut
arriver : divorce, mort du conjoint. Il faut se battre dans la vie.
L’homme et la femme doivent se compléter, j’apporte un peu, mon époux apporte
un peu. Ainsi l’homme te respectera », scande-t-elle, le sourire aux
lèvres.
Bénéficiaire du projet
« Appui à la commercialisation et à la valorisation des produits agricoles
des districts de Nkayi et Madingou », piloté par
l’Agence
d’aide à la coopération technique et au développement (Acted), en partenariat
avec AZUR Développement, avec l’appui financier de l’Union européenne, Rosine a arrêté ses études en classe de
troisième, à cause des préjugés ancestraux de son père. Elle révèle : « Mon
père répétait tout le temps que s’il nous laissait faire des longues
études, il n’en bénéficierait pas. C’est ainsi qu’il a refusé de nous soutenir,
prétextant que nous aiderons que notre mère. Une nature égoïste qui retarde
très souvent l’émancipation économique de beaucoup de femmes ».
Annette Kouamba Matondo