vendredi, août 29, 2014

Des femmes autochtones unies en groupements pour lutter contrer la pauvreté


A Mayéyé et à Mikakaya, dans le département de la Lékoumou, avec l’aide d’une association féminine, des femmes autochtones se sont regroupées en groupements pour faire l’agriculture afin de lutter contre la pauvreté.

Situé à quelques kilomètres du district de Mayéyé au sud-est de Sibiti sur une déviation, Mikakaya est un village d’autochtones construit en huttes d’environ 150 mètres de long. Dans ce hameau, 23 femmes autochtones sont regroupées au sein d’un groupement pour faire l’agriculture. Elles cultivent le manioc, l’arachide, l’oseille, le maïs… Un autre groupement de femmes autochtones à Mayéyé, mais qui est très organisé compte 12 membres actifs. Celui-ci a une présidente, une vice-présidente et une trésorière. «Nous faisons des sachets de maniocs et nous partons nous-mêmes les vendre à Pointe-Noire pour avoir un peu plus d’argent. Ça nous permet de s’acheter un peu d’habits, quelques ustensiles de cuisine et des savons. Par contre quand nous vendons nos récoltes à Sibiti, nous ne gagnions presque pas grand-chose», a expliqué Henriette Makaba, présidente du groupement de femmes autochtones de Mayéyé, mère de quatre enfants. Cette idée émane d’un commerçant de la localité qui a l’habitude d’aller vendre sa marchandise à Pointe-Noire afin d’aider ces dernières à gagner mieux.

Mis en place de 2010 à 2011 avec l’aide de l’association AZUR Développement, grâce au financement de Planet Wheeler dans le cadre du projet Vih/Sida, ces groupements de Mayéyé et de Mikakaya ont crée un effet de boule de neige au niveau des femmes autochtones dans la Lékoumou. En dehors des plantations de manioc collectives, chaque femme autochtone, membre d’un groupement compte aujourd’hui son propre champ. Philomène Nzamba, mère de trois enfants, une autochtone vivant à Mikakaya, révèle : « on n’avait pas la culture de faire les champs. C’était plutôt des bantous qui nous faisaient travailler dans leurs champs pour des maigres sommes d’argent. Mais avec l’aide de l’association AZUR Développement, nous-nous sommes rassemblées en groupement pour faire l’agriculture», avant d’ajouter, « cette association nous a acheté des semences et des outils aratoires pour se lancer dans l’agriculture. Présentement, nous avons fait d’autres champs sans leur appui. Cette initiative à susciter qu’aujourd’hui chaque femme autochtone ait sa propre plantation de manioc, une chose qui était difficile hier…» 

Une expérience qui inspire !

Il faut dire que le plus souvent au village, ce sont les femmes qui nourrissent la famille. Cette réalité est aussi partagée chez les autochtones. Celles-ci s’occupent également de l’éducation de leurs enfants. Elles achètent les kits scolaires de leurs enfants et font face à d’autres charges grâce maintenant à l’activité agricole.

Selon Martine Jeanine Mamona, membre du groupement de femmes autochtones de Mayéyé, quand nous vendons nos récoltes, nous enlevons un peu d’argent pour nos besoins physiologiques. Le reste d’argent nous mettons dans notre caisse qui est gérée par la trésorière. De même, quand des bantous nous sollicitent pour aller travailler dans leurs champs, nous versons cet argent dans la caisse du groupement. «Nous prenons un peu d’argent dans la caisse pour acheter à manger quand nous allons travailler dans les champs des bantous. Cet argent peut aussi être utilisé quand un membre du groupe tombe malade mais à condition de restituer la somme prêtée », résume Martine Jeanine Mamona, trésorière du groupement de femmes autochtones de Mayéyé.

L’agriculture, un moyen d’assurer l’éducation de leurs enfants

Selon Nina Mboyo, chargée de bureau d’AZUR Développement dans la Lékoumou, le groupement de Mayéyé avait une économie de 50.000 F cfa  en caisse. Il a eu ce montant lorsqu'il allait travailler chez des bantous pour l'entretien de leur champ, moyennant  5.000 à 6.000 F cfa la journée.

En dehors des groupements de femmes autochtones de Mayéyé et Mikakaya, il y a d’autres groupements à Komono, à Mvouara, à Mabembe, à Makubi et à Doudou (dans le département de la Lékoumou), mis en place par AZUR Développement dans le cadre du projet VIH/SIDA. Après quatre ans d’existence de ces groupements, l’on peut dire qu’ils fonctionnent tant bien que mal de nos jours. A titre d’exemple, pour celui de Mayéyé, comptant 12 membres actifs, possède en quatre ans trois plantations de manioc dont une a été vendue à 110.000 F cfa et elles se sont partagées 10.000 F cfa par personne. Dans ce groupe, huit (08) femmes autochtones envoient leurs enfants à l’école, une chose qui était difficile hier.

L’apport des autorités

Vu les écarts multiples dont elles sont victimes malgré la promulgation de la loi n°-5-2011 du 25 février 2011 portant promotion et protection des droits des populations autochtones au Congo (Ndlr), Nina Mboyo, chargée de bureau d’AZUR Développement à Sibiti estime que les organiser en groupement est une façon pour nous de permettre à cette couche vulnérable de travailler en groupe, afin qu’elle soit autonome, qu’elle connaisse leurs droits et qu’elle puisse s’occuper de la scolarité de leurs enfants. D’après Nina Mboyo, la Sous-préfet de Mayéyé nous a toujours soutenues dans la tenue de nos activités. Exemple : pendant nos descentes, nous passons par elle pour avoir l’autorisation d’aller dans un quartier pour commencer une activité. «Quand nous avons des activités de formation à Mayéyé, la Sous-Préfet nous donne gratuitement la salle pour tenir nos activités. Cela prouve que nous avons une bonne collaboration avec cette autorité », lâche Nina.

D’autres autorités sont aussi impliquées aux activités d’AZUR Dév dans ce département. Selon le chef de quartier d’Indongo, un quartier des autochtones à Mayéyé, nous sommes toujours conviés aux activités de cette association sur les groupements agricoles de femmes autochtones. Quand au directeur de l’école primaire de Mayéyé, il témoigne en ces termes : « nous sommes impliqués dans les activités que mènent cette organisation dans la Lékoumou dans la mesure où  nous faisons la mobilisation, le suivi des groupements avant que l’équipe de contrôle de l’association n’arrive sur le terrain.»

Jean Thibaut Ngoyi



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