A Mayéyé et à Mikakaya, dans le
département de la Lékoumou, avec l’aide d’une association féminine, des femmes
autochtones se sont regroupées en groupements pour faire l’agriculture afin de
lutter contre la pauvreté.
Situé à quelques kilomètres du district
de Mayéyé au sud-est de Sibiti sur une déviation, Mikakaya est un village
d’autochtones construit en huttes d’environ 150 mètres de long. Dans ce hameau,
23 femmes autochtones sont regroupées au sein d’un groupement pour faire
l’agriculture. Elles cultivent le manioc, l’arachide, l’oseille, le maïs… Un
autre groupement de femmes autochtones à Mayéyé, mais qui est très organisé
compte 12 membres actifs. Celui-ci a une présidente, une vice-présidente et une
trésorière. «Nous faisons des sachets de maniocs et nous partons nous-mêmes les
vendre à Pointe-Noire pour avoir un peu plus d’argent. Ça nous permet de
s’acheter un peu d’habits, quelques ustensiles de cuisine et des savons. Par
contre quand nous vendons nos récoltes à Sibiti, nous ne gagnions presque pas
grand-chose», a expliqué Henriette Makaba, présidente du groupement de
femmes autochtones de Mayéyé, mère de quatre enfants. Cette idée émane d’un commerçant de la localité qui a l’habitude
d’aller vendre sa marchandise à Pointe-Noire afin d’aider ces dernières à
gagner mieux.
Mis en place de 2010 à 2011 avec l’aide
de l’association AZUR Développement, grâce au financement de Planet Wheeler
dans le cadre du projet Vih/Sida, ces groupements de Mayéyé et de Mikakaya ont
crée un effet de boule de neige au niveau des femmes autochtones dans la
Lékoumou. En dehors des plantations de manioc collectives, chaque femme
autochtone, membre d’un groupement compte aujourd’hui son propre champ.
Philomène Nzamba, mère de trois enfants, une autochtone vivant à Mikakaya,
révèle : « on n’avait pas la culture
de faire les champs. C’était plutôt des bantous qui nous faisaient travailler
dans leurs champs pour des maigres sommes d’argent. Mais avec l’aide de
l’association AZUR Développement, nous-nous sommes rassemblées en groupement
pour faire l’agriculture», avant d’ajouter, « cette association nous a acheté des semences et des outils
aratoires pour se lancer dans l’agriculture. Présentement, nous avons fait
d’autres champs sans leur appui. Cette initiative à susciter qu’aujourd’hui
chaque femme autochtone ait sa propre plantation de manioc, une chose qui était
difficile hier…»
Une expérience qui inspire !
Il faut dire que le plus souvent au
village, ce sont les femmes qui nourrissent la famille. Cette réalité est aussi
partagée chez les autochtones. Celles-ci s’occupent également de l’éducation de
leurs enfants. Elles achètent les kits scolaires de leurs enfants et font face
à d’autres charges grâce maintenant à l’activité agricole.
Selon Martine Jeanine Mamona, membre du
groupement de femmes autochtones de Mayéyé, quand nous vendons nos récoltes,
nous enlevons un peu d’argent pour nos besoins physiologiques. Le reste
d’argent nous mettons dans notre caisse qui est gérée par la trésorière. De même, quand des bantous nous
sollicitent pour aller travailler dans leurs champs, nous versons cet argent
dans la caisse du groupement. «Nous prenons un peu d’argent dans la caisse
pour acheter à manger quand nous allons travailler dans les champs des bantous.
Cet argent peut aussi être utilisé quand un membre du groupe tombe malade mais
à condition de restituer la somme prêtée », résume Martine Jeanine
Mamona, trésorière du groupement de femmes autochtones de Mayéyé.
L’agriculture, un moyen d’assurer l’éducation de leurs
enfants
Selon Nina Mboyo, chargée de bureau
d’AZUR Développement dans la Lékoumou, le groupement de Mayéyé avait une
économie de 50.000 F cfa en caisse. Il a
eu ce montant lorsqu'il allait travailler chez des bantous pour l'entretien
de leur champ, moyennant 5.000 à 6.000 F
cfa la journée.
En dehors des groupements de femmes
autochtones de Mayéyé et Mikakaya, il y a d’autres groupements à Komono, à
Mvouara, à Mabembe, à Makubi et à Doudou (dans le département de la Lékoumou),
mis en place par AZUR Développement dans le cadre du projet VIH/SIDA. Après
quatre ans d’existence de ces groupements, l’on peut dire qu’ils fonctionnent
tant bien que mal de nos jours. A titre d’exemple, pour celui de Mayéyé,
comptant 12 membres actifs, possède en quatre ans trois plantations de manioc
dont une a été vendue à 110.000 F cfa et elles se sont partagées 10.000 F cfa
par personne. Dans ce groupe, huit
(08) femmes autochtones envoient leurs enfants à l’école, une chose qui était
difficile hier.
L’apport des autorités
Vu les écarts multiples dont elles sont
victimes malgré la promulgation de la loi n°-5-2011 du 25 février 2011 portant
promotion et protection des droits des populations autochtones au Congo (Ndlr),
Nina Mboyo, chargée de bureau d’AZUR Développement à Sibiti estime que les
organiser en groupement est une façon pour nous de permettre à cette couche
vulnérable de travailler en groupe, afin qu’elle soit autonome, qu’elle
connaisse leurs droits et qu’elle puisse s’occuper de la scolarité de leurs
enfants. D’après Nina Mboyo, la Sous-préfet de
Mayéyé nous a toujours soutenues dans la tenue de nos activités.
Exemple : pendant nos descentes, nous
passons par elle pour avoir l’autorisation d’aller dans un quartier pour
commencer une activité. «Quand nous avons
des activités de formation à Mayéyé, la Sous-Préfet nous donne gratuitement la
salle pour tenir nos activités. Cela prouve que nous avons une bonne
collaboration avec cette autorité », lâche Nina.
D’autres autorités sont
aussi impliquées aux activités d’AZUR Dév dans ce département. Selon le chef de
quartier d’Indongo, un quartier des autochtones à Mayéyé, nous sommes toujours
conviés aux activités de cette association sur les groupements agricoles de
femmes autochtones. Quand au directeur de l’école primaire
de Mayéyé, il témoigne en ces termes : « nous sommes impliqués dans les activités que mènent cette organisation
dans la Lékoumou dans la mesure où nous
faisons la mobilisation, le suivi des
groupements avant que l’équipe de contrôle de l’association n’arrive sur le
terrain.»
Jean Thibaut Ngoyi
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