samedi, décembre 04, 2010

La violence domestique continue, pernicieuse, insidieuse et banalisée

Une revue des billets de blogues publiés par Manhore De Bessi, Vivienne Dzobo et Sylvie Mfoutou Banga sur la violence domestique et conjugale à Brazzaville et Pointe-Noire montre comment dans une situation de pauvreté ou d’indépendance économique, la femme demeure victime de la violence. La violence sexuelle a longtemps occupé la tête de liste dans les interventions ; cependant la violence domestique a toujours été perpétrée, pernicieuse, insidieuse et « normalisée » culturellement. Les relations entre hommes et femmes telles que vue actuellement dans notre société doivent être remises en cause. Ces histoires appellent à beaucoup de questionnements.

L’égalité homme-femme ne sera pas une réalité tant que les femmes seront pauvres

Vivienne Dzobo raconte sur son blogue : « Nadège par exemple est vendeuse de maniocs au marché de la liberté, elle a évoqué les multiples raisons des tensions dans les ménages. La non transparence des revenus du conjoint ainsi que l’insatisfaction sexuelle et matérielle ». Il ne suffit pas de déclarer son revenu. « Théthé, âgée de 40 ans est aussi mariée, mère de quatre enfants et ménagère, son mari est employé dans l’administration par une société de la place qui rémunère assez bien son personnel […]. Seulement le montant déclaré t-elle que son mari lui donne pour la popote ne répond pas par rapport au coût de la vie ».

Elle explique que le montant que la dame reçoit de son conjoint ne répond pas ; « les denrées alimentaires sont devenues tellement coûteuses qu’elle a du mal pour lier les deux bouts du mois. Madame Théthé à même mal pour mieux entretenir son corps pour se faire belle et attirante ». Elle ne peut épargner et contribuer aux charges de la famille. Lorsqu’elle demande plus d’argent à son conjoint, elle raconte que « c’est du tintamarre et les boutades sont envoyées même en présence des enfants ».

Etant vendeuse, « Théthé avoue que les bénéfices de la vente des pains, ne lui permettent pas à faire face à tous les besoins quotidiens et de temps à autre, elle pense s’offrir occasionnellement aux partenaires potentiels. Seulement, ses convictions religieuses et sa foi l’empêchent d’agir ainsi » par crainte de jeter le déshonneur sur sa famille. Pour Vivienne Dzobo « l’égalité tant souhaitée entre l’homme et la femme est encore loin d’être une réalité ; car la pauvreté est un véritable obstacle ».

Mon mari me demande de faire un choix entre mon boulot et le foyer

L’histoire de Sidonie, une jeune femme de 34 ans, racontée par Manhore De Bessi est différente. Comme quoi, il ne suffit pas pour une femme d’être autonome financièrement pour préserver un mariage. « Elle est mariée depuis l'age de 16 ans à Jacob qui en a 40 ans. Comme vous le constatez avec moi Sidonie est allée dans le mariage très jeune. Son mari a donc supporté ses études jusqu'à la licence ».

Elle poursuit « après quelques années de chômage, Sidonie trouve un emploi dans une sous-traitance pétrolière. Mais le meilleur c'est quoi chers ami (es), le salaire de dame Sidonie est trois fois plus que celui de Jacob enseignant dans une école de la place ». Bien que la dame ait terminé ses études, et obtenue un emploi bien rémunéré, le complexe de son conjoint ou peut-être la volonté de domination de son conjoint, la contraint à renoncer à son emploi.

Comme l’affirme Manhore De Bessi « au bout de deux mois de fonctionnement, Jacob déclare qu'il ne peut pas accepter que sa femme gagne plus que lui. Ainsi il demande à celle-ci de faire un choix entre "le boulot et le foyer". Sidonie est embarrassée elle ne sait pas que faire et quoi choisir, elle aime bien son travail mais également son foyer ». Elle appelle à l’aide et attend des réponses sur son blogue pour aider Sidonie : http://manhoredebessi.blogspot.com/

Sommes-nous organisées et efficaces dans la lutte contre la violence ?

Sylvie Mfoutou Banga lance un appel « aidons les femmes à dénoncer les violences domestiques ». Elle s’explique : « quelque soit les raisons ou causes qui empêchent les femmes de dénoncer les violences domestiques dont elles sont victimes au quotidien, un mal doit toujours être dénoncé pour le détruire ».

Ce que les organisations de femmes ont compris, car il y a davantage des initiatives de leur part pour réduire les discriminations à l’endroit des femmes. Même s’il y a besoin d’un plan coordonné de lutte contre les violences au Congo, des pas sont posés. Si le mouvement de femmes pouvait faire davantage usage des technologies de l’information et de la communication (TIC), ces progrès seraient plus visibles.

Elle recommande aux organisations « de travailler dans la perspective de prise en conscience sur tous les phénomènes de violence dont sont victimes les femmes en l’occurrence les violences domestiques »; et de continuer à « organiser des séminaires de sensibilisation, forums, causeries-débats, pièces de théâtre ».

Consciente du pouvoir des média, elle propose l’organisation des campagnes nationales de sensibilisation sur la violence domestique dans les média. Elle déclare : « les médias doivent également tenter de sensibiliser le public aux causes et aux conséquences de ce type de violence ».

Sylvie Mfoutou Banga reconnaît qu’on ne peut prévenir la violence domestique si l’on ne connaît pas leur du phénomène ; elle propose d’ « améliorer les statistiques sur la violence domestique, brosser un tableau précis de sa nature et de sa prévalence, permettre l’identification des ressources consacrées à la lutte contre ce phénomène et l’évaluation des initiatives allant dans ce sens ». Ici, encore les TIC peuvent aider à collecter les données ou à reporter les cas de violences domestiques.

Renforcer la réponse pouvoirs publics à la violence domestique

Sylvie Mfoutou Banga appelle les pouvoirs publics à « prendre des mesures concernant les victimes de violences domestiques. A titre d’exemple : proposer aux victimes de violence domestique une aide judiciaire et des conseils juridiques gratuits préalablement à l’engagement d’une action judiciaire; et venir en aide aux victimes de violence domestique en créant des centres d’hébergement où les femmes pourront obtenir un soutien psychologique et soutenir financièrement les associations d’aide sociale et les services d’urgence », entre autres.

Sylvie Niombo



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