Un récent rapport de recherche indique qu’au moins 44% (source IPS) des étudiantes à l’université nationale (Marien Ngouabi) au Congo sont victimes de harcèlement sexuel. Le slogan « seule la cuisse libère » a été longtemps scandé dans les coulisses des écoles supérieures.
Les écoles secondaires ne sont pas épargnées, et les filles font face à ce fléau. A Brazzaville et à Pointe-Noire, les élèves du Lycée Savorgnon de Brazza, Lycée technique de l’OCH et collège de Mpaka utilisent désormais leurs téléphones pour apprendre davantage sur les lois de protection de l'enfance, dialoguer ou chercher de l’aide contre le harcèlement sexuel perpétré par des enseignants.
Les associations utilisent également les SMS pour plaider, passer le mot et plaider, tel que ce message diffusé par le Club Jeunesse Infrastructure et Développement (CJID) à 95 autorités locales à Kinkala « il est temps de condamner la violence faite aux femmes, l’abus sur les femmes, et sa chosification ».
Nouvelle forme de terrorisme psychologique ?
Quand on parle de harcèlement sexuel en milieu scolaire, il y a l’allusion à l’abus de pouvoir et d’autorité des enseignants sur les élèves filles. Beaucoup d’entre elles font face à la pression, sont menacées et sont isolées. Les victimes n’en parlent presque jamais, sinon quand les cas sont déjà passés. Elles pensent ne pas avoir le choix, et soit elles cèdent aux menaces; redoublent, soit elles quittent le banc de l’école. Le phénomène nécessite d'être étudié et des statistiques sont à collecter également au niveau du secondaire.
Témoigner et chercher de l’aide par SMS.
En l’absence des centres d’écoute des survivantes de violence, les élèves témoignent par des messages SMS. « Je redouble la classe. A la maison, mes parents me disaient si je redouble j’aurai à faire à eux. Je savais plus quoi faire, j’étais obligée de coucher avec mon prof, il me l’a fait par l’anus », Dorsia.
« Je me nomme Magalie, je suis l’une des victimes de violence, j’étais en seconde au Lycée. J’avais 15 ans mon prof de droit me menace étant petite, connaissant rien de la vie, j’avais pleuré. Il me menace », Magalie.
Les associations qui reçoivent ces SMS contactent les auteurs individuellement, les écoutent et les soutiennent.
Les harceleurs font pression, les filles se culpabilisent.
C’est ce qui se lit des messages SMS envoyés par des élèves au Comptoir Juridique Junior et l’Association Dynamique Plurielle. « Je ne dois pas lier trop d’amitié avec un homme pour éviter le viol », Verda.
Sagesse renchérit : « je ne dois pas exposer mon corps dans un milieu scolaire afin de ne pas subir une violence sexuelle ». Laure appuie « je mettrai une tenue normale pour éviter d’attirer l’attention des profs afin de ne pas subir des violences à l’école ».
La révolte. Elles ne se laisseront pas faire.
Après avoir subi des menaces, des remarques désobligeantes, des contacts corporels non souhaités, des abus sexuels ou des relations sexuelles sur la contrainte, les élèves filles qui ont assisté aux sessions de sensibilisation dans les écoles, parviennent à « la révolte ».
Les SMS fusent de plus en plus depuis ; « je promets que je ne me laisserai pas emporter par un professeur. Je ne serai pas victime d’une violence sexuelle» écrit Paty. D’autres, notamment Miamissa, Desta, Estelle et Nardèche appuient cela : « je ne baisserai pas les bras sur la violence faite aux filles par téléphone à l’école » ; « je lutte les violences faite aux femmes car le sexe de la femme n’est pas un beignet » ; « je ne me laissera pas faire par le harcèlement sexuel en milieu scolaire » ;
« dis-moi ce que tu ne dois pas faire au téléphone ! Je ne dois pas me laisser faire par les prof » ; « luttons contre les violences faites aux filles à l’école. Et je ne me laisserai pas faire ».
Interdire les relations entre élèves et enseignants
A la question de savoir si les enseignants ne peuvent pas tomber amoureux de leurs élèves ? Elles sont catégoriques. Jina, Victoire et Jessy écrivent : « nous devons interdire aux filles d’avoir des relations trop étroites avec les profs » ; « le prof est une personne grande, âgée, vielle, ou mariée » et « on doit pas avoir certaines relations avec les professeurs comme une relation amoureuse par ce que le prof n’est pas ton ami. Une relation avec le surveillant.»
Ce que la loi Portella n°60/18 de 1960 interdit déjà, les enseignants ne pouvant avoir des relations sexuelles avec leurs élèves.
C’est une nouvelle expérience pour les associations et les jeunes filles qui veulent exploiter le potentiel des téléphones mobiles pour lutter contre le harcèlement sexuel à l’école.
Sylvie Niombo
mercredi, décembre 01, 2010
Des filles harcelées à l’école cherchent de l’aide par SMS
Publié par Féministes congolaises à 5:00 PM
Libellés : congo Brazzaville, école, harcèlement sexuel, sexual harrassment, violence faite aux femmes
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