mercredi, mai 11, 2011

Réconforter les personnes vivant avec le Vih/sida

L’appui psychosocial des malades du sida dans les hôpitaux des départements de la Bouenza et de la Lékoumou est presque inexistant. Depuis 2010, dans le département de la Lékoumou et de la Bouenza, l’appui psychologique des personnes vivant avec le Vih/sida (PVVIH) est un sujet qui préoccupe médecins, assistantes sociales et les PVVIH. Pour tenter de réduire les aspects de la stigmatisation, de la discrimination, une association qui travaille dans le cadre du VIH/sida propose des ateliers spécifiques pour les apaiser.

Jeudi 7 avril 2011, à 15 heures précises, dans un quartier de Sibiti dans le département de la Lékoumou, la salle est archicomble par les séropositives venues participer à un atelier, chacune assise écoute attentivement les intervenants.. « C’est pour la première fois que je prenne part à un atelier spécifique. Oui, la qualité du thème abordé par le médecin m’a vraiment soulagé. Désormais, je ne manquerais plus à ce rendez-vous», se réjouit une des participantes. Pour Martine, elle aussi qui ne cache pas ses impressions, témoigne en ces termes «j’ai pris bonnes notes sur ce que je ne savais. A l’hôpital, on ne nous dit pas grand-chose. Par contre, les vraies information au sujet de notre maladie sont données ici ».

«Avant je pensais que c’était une fatalité et que tout était fini pour moi. Je m’interrogeais pour quoi seulement moi ? Mais après l’enseignement des groupes de parole, ateliers spécifiques et visites à domicile, je réalise que je ne suis pas seule. C’est une maladie comme tout autre, et ceci me permet d’avoir un moral très haut », témoigne une séropositive sous le sceau de l’anonymat.

Selon Nina Mboyo, coordonnatrice locale AZUR Développement dans la Lékoumou, nous fournissons l’appui psychosocial des femmes bantoues et autochtones infectées par le Vih/sida depuis 2010 dans ce département. « Nous organisons des groupes de parole qui sont un espace où les séropositives peuvent dévoiler ce qu’elles ont comme problèmes. Chacune d’elles s’exprime et parle de ce qu’elle a constaté et les autres donnent des approches de solutions. Nous organisons aussi des visites à domicile parce qu’il y a des malades qui ont abandonné le traitement par crainte de la stigmatisation.», explique t-elle.

Selon Pascaline Niombo, coordonnatrice locale de l’association AZUR Développement dans le département de la Bouenza, "nous sommes passées de groupes de parole aux ateliers spécifiques du fait que nous recevons un grand nombre des bénéficiaires (40 PVVIH car la demande pour l’appui psychologique est forte".

Ces ateliers se tiennent une fois dans le mois et sont dirigés soit par un médecin ou soit par deux assistantes sociales et le personnel d’AZUR Développement.
« Nous organisons des activités selon les besoins des PVVIH parce qu’à l’hôpital, le médecin reçoit plusieurs malades et il n’a pas suffisamment du temps pour expliquer aux personnes séropositives tous les détails nécessaires. Compte tenu du nombre élevé des bénéficiaires aux ateliers, nous travaillons avec deux assistantes sociales», explique t-elle.

Des ateliers pour expliquer le VIH/SIDA en long et large

Amorcé par les groupes de parole en 2010, puis avec les ateliers spécifiques en 2011, le travail de l’appui psychosocial a apporté ses fruits, un changement de la part des malades du sida dans le département de la Bouenza et la Lékoumou.
Si en 2010 les PVVIH se regroupaient en groupes de parole, en 2011, ce sont maintenant des ateliers spécifiques qui regroupent trente à quarante personnes vivant avec le VIH/SIDA pour parler de tout sur la maladie.
« Les bantous et les autochtones prennent part aux ateliers spécifiques. Elles viennent pour chercher à s’informer sur la maladie parce que ce lieu un espace où elles peuvent trouver la satisfaction à leurs préoccupions. A l’hôpital le médecin à un grand nombre des malades, et parfois ne peut pas aller dans des explications en profondeur. Mais en faisant des exposés sur des thèmes précis, cela permet aux malades de comprendre comment s’en tenir. Exemple : l’importance de la thérapeutique, les connaissances de base, la vulnérabilité des PVVIH, le désir de reproduction… », confie un médecin à Sibiti.

Michel André Mouata, médecin à l’hôpital de base de Nkayi, chef de l’unité hospitalière de prise en charge des PVVIH, dans le département de la Bouenza définit l’appui psychosocial comme une façon de regarder le patient dans sa situation psychologique et sociale. Il est très important dans la prise en charge des maladies chroniques en général et du Vih/sida en particulier. «L’appui psychosocial consiste à accompagner et à encadrer les patients dans leur situation psychologique et sociale. Nous procédons par un counseling pré et post test pour amener le patient à accepter le résultat, des groupes de parole, une éducation thérapeutique avant le traitement antirétroviral (TAR) et dans le suivi du TAR», explique le Dr..

Le changement pour les femmes séropositives

Ces espaces ont largement contribué à un changement de comportement au niveau des séropositives par rapport avant, quand elles étaient abandonnées à elles-mêmes. Eugénie, une fille mère de deux gosses à Komono, témoigne, «Je connais maintenant la maladie qu’avant où je faisais parfois des rechutes parce que je n’avais pas une information fiable sur la prise des médicaments de façon régulière pour vivre longtemps. Maintenant là, je connais les heures de prises des antirétroviraux de façon régulière et qui est accompagnée de la nourriture consistante pour que je maintienne mon état physique».

Une autre affirme également « l’appui psychosocial nous a beaucoup aidé à accepter la maladie. Certains patients n’ont pas des connaissances de base sur cette maladie et même sur la conduite à tenir devant une difficulté telle que sur le désir d’avoir des enfants tout en étant séropositives ». C’est ainsi que le médecin souligne l’importance du suivi médical "le premier conseil c’est que le ou la patient soit mis sous TAR pour diminuer la charge virale. Plus la charge virale est élevée, plus le risque de contamination est grand".

Les sortir de l’ignorance

Les séances des ateliers spécifiques constituent des moments importants pour des patients du sida d’échange d’expérience et de partage entre eux. Selon les statistique d’AZUR Développement, plus de 350 femmes séropositives ont bénéficié de cet appui psycho social. « Même lorsque certaines femmes infectées par le VIHn’ont pas l’information, elles s’arrangent à avoir l’information auprès des autres », lâche Pascaline.

Pour Agathe, bénéficiaire du projet à Sibiti dans la Lékoumou «le jour où nous avons atelier spécifique, je quitte à temps aux champs et je me prépare pour aller à l’atelier spécifique. C’est moment intéressant que je tiens à cœur, car l’atelier spécifique est pour moi un véritable cure…». Aujourd’hui, le traitement du Vih/sida n’est pas seulement les antirétroviraux, mais «l’appui psychosocial à soulager des malades du sida parce que les activités que nous menons les aident de ne plus s’abandonner, car elles ont compris qu’aujourd’hui, vivre avec le VIH/SIDA n’est pas une fin en soi, plutôt elles peuvent vivre longtemps.

Le plus important c’est de prendre son traitement régulier tout en respectant les conseils du médecin traitant », conclut une assistante sociale.



Jean Thibaut Ngoyi

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