mercredi, mai 11, 2011

Appuyer des séropositives pour leur autonomie

Conscientes de leur statut sérologique des personnes vivant avec le Vih/sida dans le département de la Lékoumou et de la Bouenza, les séropositives exercent des activités génératrices de revenu (AGR) pour leur autonomie. Elles sont appuyées depuis 2010 par une association qui milite dans le cadre de cette pandémie.


9 heures 25 minutes, dans son atelier de couture à Sibiti dans le département de la Lékoumou, Mireille, une femme séropositive, assise dans son atelier de couture est entrain de prendre des mesures à deux clientes pour leur confectionner des Kanzako (un modèle d’habit cousu par des coutières qu’aiment porter des femmes). «Je reçois beaucoup de clients qui viennent avec leurs tissus pour leur confectionner des habits. C’est difficile car j’ai beaucoup de travail et, j’envisage déjà avoir une apprenante à mes côtés », nous fait savoir cette couturière, fille mère de deux gosses, la trentaine révolue.

Marie Josée, qui était abandonnée à elle-même, a refait sa vie aujourd’hui grâce aux AGR et n’hésite pas à délie sa langue. « En 2010, j’ai été appuyée à hauteur de 100.000 F cfa par l’association AZUR développement pour vendre des friperies. Ce commerce m’aide beaucoup autant que mon père et ma mère. Actuellement, je suis indépendante et je contribue même au niveau de la famille, quand il y a des problèmes de maladies ou de décès », confie cette dernière, vendeuse des friperies au marché de Komono dans le département de la Lékoumou. Elles sont soutenues dans plusieurs domaines, à savoir : l’agriculture, la savonnerie, la couture et le commerce.

A Samoussouala, (une savane située à 17 km de Nkayi (4e ville du Congo au sud de Brazzaville, dans le département de la Bouenza), Jeanne, chapeau à la tête, courbée avec une houe à la main droite est entrain de sarcler son champs d’arachides et du Manihot esculenta (le manioc) d’un hectare et demi à 9h 36mn. «Je suis cultivatrice et pendant les récoltes, je n’aurai pas moins de 500.000 F cfa (US$ 500) », lâche Jeanne.

« Nous soutenons les femmes dans l’agriculture, la couture, la pâtisserie, la savonnerie et le petit commerce de détail, mais il faut obligatoirement être séropositive et la personne doit également être démunie. Nous retenons aussi un petit pourcentage des hommes séropositifs», confie Pascaline Niombo, coordonatrice locale de l’association AZUR Développement à Nkayi, département de la Bouenza.

Les AGR dans ces deux départements ont en quelque sorte apporté une bouffée d’oxygène pour les séropositives qui étaient abandonnées par leur famille. Selon Pascaline Niombo, sur cinquante deux activités génératrices de revenu (AGR) financées en 2010, il y a une réussite de cinquante bénéficiaires. Elles ont réalisé des bénéfices importants.

Certaines ont même ouvert leur compte en banque dans leurs petites microfinances. Alida, une bénéficiaire séropositive qui s’est lancée dans le commerce a fait des progrès et aujourd’hui, elle est devenue autonome. « Je vends les friperie au marché de Nkayi depuis 2010. Dans le mois, je peux vendre trois arrivages de colis (ballons) de friperie. Aujourd’hui, je gagne mieux ma vie qu’avant. J’ai même ouvert un compte à la Mucodec. Je m’occupe de mes enfants et je supporte la scolarité de mes deux enfants qui fréquentent au privé», révèle Alida. Une autre bénéficiaire témoigne aussi, «avant j’étais une femme dépendante. Aujourd’hui je m’en sors a travers mon AGR. J’arrive à me soutenir en exerçant mon petit commerce. J’ai aujourd’hui un stock important et les ventes se multiplies…»

Régler son prêt pour devenir autonome


Les activités génératrices de revenu des personnes infectées par le Vih/sida dans le département de la Bouenza existent depuis 2010 et se poursuivent jusqu’en 2011. En 2010, les bénéficiaires n’étaient pas soumises à la contrainte de remboursement, mais en 2011, elles doivent apprendre à rembourser leur prêt.
«Elles étaient en individualité en 2010, mais en 2011, nous les avons encouragé à se regrouper à quatre ou plus, il y a une leader à la tête du groupe pour contrôler l’évolution de l’AGR. En 2011, elles doivent rembourser leur prêt sans intérêt. Il sera divisé par douze (12) et la somme trouvée est le montant à verser par mois. Cela permettra d’aider d’autres bénéficiaires », explique Pascaline.

Les montants des ces AGR varient de 50.000 (US$ 100U) à 300.000 (US$ 600) F cfa, en fonction de l’activité et du nombre de bénéficiaires. L’agriculture et la couture sont des AGR qui demandent beaucoup d’investissement. « L’agriculture et la couture demandent des gros montants parce que ce sont des activités qui nécessitent beaucoup de finances. Par exemple, pour une bénéficiaire qui n’a pas la machine à coudre, nous lui achetons la machine à coudre et les accessoire pour qu’elle commence à travailler », explique Nina.

Selon les coordonnatrices locales d’AZUR Développement dans ces deux départements, le coût global de ce projet, financé par la Planet Wheeler, s’élève à 30.000 dollars en 2010 et à 54.000 dollars en 2011.

Abordant les questions de suivi des bénéficiaires, Pascaline précise qu’elles sont d’abord formées avant de recevoir le prêt. Et le suivi se fait deux fois dans le mois (au début et à la fin) par les responsables de l’organisation.
Elles ont été formées comment gérer le stock, le renouveler, comment utiliser le bénéfice et le capital et épargner. D’après une bénéficiaire, le remboursement est une façon de nous encourager dans l’exercice et à devenir autonome.

Rembourser son prêt pour aider les autres


Si en 2010, les bénéficiaires séropositives des AGR n’ont pas connu le problème de remboursement de leur prêt, par contre, elles vont rembourser leur prêt pour l’année 2011. « L’idée de rembourser le prêt cette année 2011 est une bonne chose parce que nous avons des amies qui n’ont pas été soutenues en 2010 et je pense que cela va augmenter le nombre des bénéficiaires et que chacune de nous peut être autonome », dit une femme vivant avec le VIH à Komono.

Selon la coordonnatrice locale d’AZUR Développement dans le département de la Bouenza, « nous avons pensé cette fois-ci regrouper les bénéficiaires en petits groupes de trois à cinq et appliquer le système de remboursement pour accroître le nombre des bénéficiaires ». Le remboursement sera sans intérêt et remboursable en douze tranches, question de permettre à chaque bénéficiaire d’avancer quelque chose par mois jusqu’à finir avec la rétribution.


Jean Thibaut Ngoyi

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