L’élimination de la
transmission du VIH de la mère à l’enfant (eTME) et le planning familial sont
des questions vitales auxquelles des organisations de la société civile
congolaise, de la RDC, du Burkina Faso, des professionnels de santé, Conseil
national de lutte contre le sida, etc.
se sont
réunis en atelier à Brazzaville du 03 au 04 septembre 2013. Objectif :
échanges d’expériences.
« Ça été
un véritable partage du donner et de recevoir. Je pense que c’est une bonne
manière de faire les choses. Si on peut répéter souvent ce genre d’atelier, ça
sera bien parce que je suis venu ici partager mon expérience et recueillir
celles des autres », témoigne Jérôme Sawadogo, Coordonateur
de l’Association pour la rééducation fonctionnelle. Il poursuit « il y a des très bonnes expériences ici au
Congo Brazzaville et en RDC en matière de la stratégie avancée sur le dépistage
du VIH, c’est –à – dire le dépistage mobile (dans des quartiers, ménages) qui
rapproche l’offre de service à la population locale. C’est une expérience que
j’ai vue ici, et que je ramène chez moi.»
L’atelier d’échanges sur
l’implication des communautaires dans l’élimination de la transmission du VIH
de la mère à l’enfant (eTME), tenu à Brazzaville, a pour objectifs :
partager les expériences d’eTME Communautaire réalisées dans la Cuvette
centrale, la Bouenza et la Lékoumou ; discuter d’une stratégie d’eTME
communautaire adaptée aux réalités de l’intérieur du pays ; et renforcer le
mécanisme de suivi des projets d’eTME communautaire. Heidy Kapinga,
chargée provinciale de la Prévention de la transmission du VIH de la mère à
l’enfant (PTME) / Programme national de lutte contre le sida en RDC (Kasaï
Oriental), a beaucoup aimé cet atelier. Pour elle, c’est important d’échanger surtout
quand on travaille dans un même domaine, de connaitre ce qui se passe ailleurs.
Elle explique « cet atelier nous a
permis d’échanger les expériences selon les trois pays (le Burkina Faso, le
Congo et la RDC) qui étaient représentés à Brazzaville. Ces échanges ont aussi
permis à chacun ou au pays représenté de capitaliser les bonnes stratégies des
uns et des autres. Ça été un des points forts de l’atelier »
L’union fait la force !
L’union fait la force !
Il faut dire que cet atelier s’inscrit dans le cadre du projet des organisations congolaises AZUR Développement et l’Association Femme Plus du Congo (AFPC) qui ont mis en œuvre un programme de lutte contre le VIH/SIDA dans les départements ci-dessus. Ces activités incluent la prévention contre le VIH/SIDA, l’élimination de la transmission du VIH de la mère à l’enfant (eTME), la prise en charge psycho sociale des femmes vivant avec le VIH/SIDA, leurs partenaires, et enfants. A cela s’ajoute l’appui économique à travers un fonds de micro crédits, ainsi que la sensibilisation sur la loi sur le VIH/SIDA.
Pour le Dr William Poaty, responsable des
activités de santé au Conseil national de lutte contre le sida, la
pratique communautaire est un point très important dans la prise en charge des
personnes vivant avec le VIH/SIDA (PVVIH). Nous sommes ici en atelier pour regarder
comment recadrer certaines choses par rapport aux nouvelles avancées en matière
de la prise en charge des PVVIH. « Depuis 2 ans, nous n’organisons plus des formations
pour mettre à niveau des médecins prescripteurs. Je crois qu’avec tout ce que
nous constatons sur le terrain, il y a lieu d’organiser ce type de formation
dans les différents départements du Congo pour impliquer tous les médecins en
charge des activités de prise en charge », a martelé le Dr William
Poaty, avant d’ajouter « nous devons atteindre les objectifs
auxquels nous sommes fixés, d’éviter des nouvelles infections, mais également
tous les décès et la discrimination pour un suivi régulier et correcte de nos
patients ». D’après lui, en termes de mise en route de traitement anti
rétroviral chez les femmes enceintes au Congo, on tourne autour de 20% en 2012, ce qui était
autour de 7% en 2007.
Antoine Moubouha, Dr. à l’hôpital de Madingou,
reconnaît de son côté que quand la femme enceinte est dépistée séropositive à l’hôpital
de Madingou, elle va accoucher ailleurs. Ainsi, il est difficile de résoudre ce
problème. Cet espace est pour lui, la bienvenue pour relancer le plaidoyer sur
la formation de son personnel soignant. Il a besoin d’appui de ses infirmiers
pour un accompagnement. Il révèle que « les enfants qui ont le VIH et qui arrivent à l’hôpital de Madingou sont
très affaiblis. Le dépistage du sida pédiatrique se fait très en retard ». Pour
le Dr Poaty, le VIH est venu nous montrer nos limites dans le domaine de la
santé. Il précise qu’« en matière du
VIH pédiatrique, l’historique est nécessaire. Elle permet de remonter
l’information à partir de la maman et mettre déjà l’enfant sous traitement. l’OMS
recommande que tout enfant de zéro à 05 ans séropositif soit mis
systématiquement sous traitement.»
Un travail de longue haleine
Pascaline Niombo, chargée de
bureau d’AZUR Développement à Nkayi, a apprécié cet atelier par rapport aux
expériences des autres pays dans l’atteinte des résultats puis au niveau de la
stratégie utilisée. Pour elle, réunir toutes les parties prenantes en matière
du VIH/SIDA est une bonne approche de sorte que, chaque partie prenante puisse
faire ressortir les difficultés rencontrées pour qu’ensemble, on puisse trouver
les goulots d’étranglement et chercher des pistes de solution pour remédier à cela.
Organisé par AZUR Développement et l’Association
Femme Plus du Congo, en partenariat avec l’Alliance appui technique avec
l’appui financier de Positive Action Children Fund (PACF), les discussions a cet atelier ont porté sur les forces
et faiblesses, les leçons à tirer de ces expériences de collaboration entre
communautaires et unité de lutte contre le sida dans des hôpitaux, du Conseil
national de lutte contre le sida, l’UNICEF, des chefs de centre d’intégré de
santé…
Parmi les communications, l’ont peut cite : la
prise en charge psychosociale des femmes et hommes vivant avec le VIH par les
communautaires à Makoua ; l’amélioration de la qualité de vie des
personnes affectées et infectées par le VIH par le biais des activités
génératrices de revenus dans la Bouenza ; l’expériences de soins et
soutien aux femmes enceintes séropositives, leurs enfants et leurs
familles; l’expérience d’accompagnement des ONG PACF ; la prévention
des grossesses non désirées chez les patientes séropositives ; les causeries
éducatives sur le désir d’enfants et le planning familial pour les jeunes
filles et femmes séropositives à Makoua ; l’expériences de planning
familial pour les femmes séropositives et leurs partenaires, etc.
Des orphelins du sida
Certains participants ont reconnu que la victoire
n’est pas totalement acquise. Il y a encore des limites. « Nous sommes
conscients des barrières qui existent çà et là. Mais je pense que c’est un travail de partenariat. Il y a des actions que des
décideurs politiques doivent mener, des actions que des systèmes de santé
doivent mener et il y a aussi des actions que nous communautaires devant mener
pour vaincre des barrières », a explique Emma Tsoulou, présidente de
l’Association Femme Solidaire. Quant à Blandine Sita, présidente d’AFPC, elle n’a
pas oublié des défis à relever concernant
le PVVIH. « Nous sommes des femmes, mais nous sommes condamnées à nous battre
parce que c’est la femme qui porte l’enfant. Cet enfant qui naît séropositif, c’est
le souci de cette femme là qui, après avoir souffert, voit son enfant mourir
par la suite », a lâché dans son discours de clôture Blandine Sita.
Elle poursuit : « voyons plein d’enfants dans la rue, ce
sida qui engendre des orphelins. Et pour des orphelins du sida, on dit toujours
ce sont des cadeaux et ils sont jetés dans la rue. C’est une douleur pour nous.
Voilà pourquoi, c’est un combat acharné. Nous devons nous lever pour vaincre ce
fléau »
Jean Thibaut Ngoyi